Vienne utilise des eaux usées pour fournir du chauffage à près de 56 000 foyers. Trois énormes pompes à chaleur transforment cette énergie.
Concept insolite. Alors que la crise de 2022 pousse l’Europe à agir pour plus de souveraineté énergétique, Vienne a trouvé une manière originale de chauffer 56.000 habitations. Les eaux usées de la capitale autrichienne sont filtrées par des pompes à chaleur pour être transformées en chauffage.
Un dispositif insolite
C’est la plus grande installation de ce genre en Europe. Des conduits acheminent les eaux usées à travers trois méga pompes à chaleur, pour fournir du chauffage à près de 56.000 ménages viennois. Une innovation insolite, qui permet de réduire la dépendance au gaz russe tout en apportant une solution énergétique à faible empreinte carbone.
À bas les anciennes chaudières. Grâce à ce dispositif, le combustible fossile polluant est remplacé par une ressource provenant de la station d’épuration locale et exploitée grâce à la centrale hydroélectrique adjacente. Une invention intéressante dans un contexte de décarbonation à l’échelle européenne.
La directrice du projet et membre de Wien Energie, Linda Kirchberger explique à l’AFP : “On prélève six degrés des eaux usées avec les pompes et on les ré-injecte” dans les 1.300 kilomètres de conduits de chauffage de la ville. Il s’agit donc de l’un des réseaux les plus importants de l’Europe. Du “100 local et renouvelable
”, selon Linda Kirchberger.
Réduire la dépendance énergétique de Vienne
D’ici à 2027, un total de 112 000 logements doivent être connectés au nouveau système, qui est déjà opérationnel depuis décembre. Ces installations sur mesure ont été fournies par une usine de la société américaine Johnson Controls, installée en France.
Dans un contexte où le Parlement européen met l’accent sur la nécessité d’accroître l’indépendance énergétique des États, Vienne semble avoir compris la recette. Avec son réseau d’eaux usées, elle diminue sa consommation encore très importante d’hydrocarbures achetés à la Russie, tout en diversifiant ses sources d’approvisionnement. Selon les chiffres officiels communiqués par la municipalité sur son site officiel, plus de 40 % de la consommation finale d’énergie pour le chauffage et l’eau chaude à Vienne dépendent encore du gaz naturel.
Les pompes à chaleur : l’avenir de l’Europe ?
Alors que l’Europe toute entière s’inquiète encore des conséquences de la crise ukrainienne sur les énergies, Linda Kirchberger explique “Il est clair que nous devons revoir notre système énergétique pour atteindre l’indépendance.
” Or, les pompes à chaleur, d’ordinaire utilisées au sein des ménages, pourraient constituer une solution de choix à plus grande échelle.
Selon l’expert Florian Kretschmer, de l’université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne (BOKU), d’autres grandes villes européennes s’intéressent à cette innovation qui repose sur “une nouvelle source d’énergie, qu’on trouve en abondance sous nos pieds dans chaque agglomération.
” Les eaux usées sont déjà mises en valeur dans les réseaux de chauffage du nord de l’Europe, et de la Suisse.
À Vienne, l’investissement de 70 millions d’euros, adopté il y a quatre ans, est lié à la reconnaissance en 2018 par l’Union européenne, dont l’Autriche est membre, des eaux usées comme une source d’énergie renouvelable. Le développement de ce type de projets devrait être de plus en plus fréquent avec les réformes du Parlement européen.
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