Après un an de négociation, les industriels les plus énergivores ont fait pression sur EDF ce vendredi, plébiscitant des contrats plus équilibrés.
Alors que l’avenir énergétique de la France était encore suspendu aux élections législatives, les industriels ont fait connaître à EDF leur mécontentement vendredi dernier. En cause ? Des négociations à la traîne, des contrats jugés déséquilibrés et un manque de visibilité.
Des négociations trop lentes
EDF et les industriels “énergo-intensifs” négocient déjà depuis plus d’un an : pourtant, Nicolas de Warren, président de l’Uniden, confie à l’AFP que les discussions sont à la traîne, et que les acteurs les plus énergivores regrettent le manque d’avancée, dans un contexte politique tendu.
L’association Uniden porte en effet la voix de 36 industriels énergo-intensifs, qui comptent pour près de 70% de l’énergie utilisée en France dans le secteur industriel. Nicolas de Warren explique ainsi : “Il y a eu des progrès (…) dans la structuration, mais aujourd’hui, deux mois après la dernière réunion au ministère de l’Industrie, les choses n’avancent pas.
”
EDF n’a pour sa part pas encore répondu, et l’inquiétude plane chez les industriels, alors que le tarif préférentiel d’accès à l’électricité nucléaire, ou Arenh, est voué à disparaître en 2025.
Des contrats déséquilibrés
Alors qu’EDF fait face à une dette colossale, le groupe propose aux industriels les plus énergivores des contrats à long terme, à des prix jugés particulièrement attractifs par l’énergéticien. En contrepartie de ces contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN), EDF demande une participation aux investissements passés dans le parc nucléaire.
Or, l’établissement du coût de production ne fait pas l’unanimité parmi les industriels : EDF y ajoute une quote-part de financement nucléaire, qui augmente “assez sensiblement
” par rapport aux coûts établis la CRE, citée par M. de Warren.
“Le degré d’exposition aux risques d’exploitation du parc nucléaire
” et l’instabilité de sa production, en fonction des aléas techniques ou économiques, inquiètent aussi les industriels.
Nicolas de Warren indique que les membres de l’Uniden sont aujourd’hui prêts à supporter “une partie de ce risque.
”
Peu de visibilité
Nicolas de Warren regrette aussi le manque de prévisibilité. Il souligne ainsi : “Notre seule boussole reste la compétitivité et la visibilité long terme, et aujourd’hui, nous n’avons ni l’une ni l’autre en l’état des propositions qui nous ont été faites.
”
Aujourd’hui, EDF n’a signé que cinq contrats avec des entreprises energo-intensives, pour un total de 10 TWh.
Ces discussions font suite à la publication la semaine passée d’un rapport sénatorial qui encourage une “baisse ciblée de la fiscalité
” sur les tarifs de l’électricité. Ce texte incite également à la mise en place de CFD, ou contrats pour la différence, perçus favorablement par l’Uniden, notamment pour approvisionner ses adhérents en électricité.
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