La consigne, c’est la valeur payée à l’achat d’un emballage qui est rendue lorsque l’on retourne celui-ci. Un système de gratification qui fonctionne et une pratique autrefois répandue en France : en effet, des années 1960 au début des années 1990, les Français rapportaient leurs récipients, majoritairement en verre. Aujourd’hui, l’enjeu est donc de réintroduire la consigne et de la généraliser au plastique, qui a l’impact que l’on sait sur l’environnement.
Le 15 novembre, c'est la Journée mondiale du recyclage !
A cette occasion, faisons le point sur cette pratique et son potentiel retour en France.
Rattraper le retard de la France sur la consigne
Une demande croissante
En janvier 2018, la secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire Brune Poirson faisait part de l’intention du gouvernement de réintroduire la consigne sur certains emballages. Si rien n’a été fait au niveau législatif dans ce sens depuis, la Feuille de route pour l’économie circulaire (FREC) dévoilée en avril 2018, contenait cinquante mesures opérationnelles, “pour passer d’un modèle économique linéaire à un modèle circulaire” Ce modèle prend en compte l’intégralité du cycle de vie des produits. C’est aussi un moyen d’atteindre les objectifs de développement durable énoncés par l’ONU dans leur agenda 2030 pour le développement durable.
La France, mauvaise élève de la gestion des déchets
En France, à titre de comparaison, le système de consigne était seulement maintenu pour les bouteilles et fûts de bière dans les Cafés, hôtels et restaurants (CHR), ainsi que dans le secteur automobile, la logistique et la chimie.
Cela n’est pas assez, et le changement paraît nécessaire au vu du fait qu’aujourd’hui, seulement 56% des bouteilles plastiques sont recyclées en France. Ce qui signifie que malgré la mise en place du tri sélectif dans toutes les communes, et l’implantation de nombreuses entreprises spécialisées, la France peine à réduire ses déchets ménagers.
L’objectif affiché par le gouvernement est donc de multiplier les points de collecte via des machines, et de favoriser la consigne du plastique, des canettes et piles et non du verre, dont le taux de recyclage est déjà de plus de 90 %. Rappelons qu’Emmanuel Macron avait promis 100% de collecte pour le plastique d’ici 2025.
Les différents avantages d’un système de consigne généralisé
Le premier avantage du système de consigne est évident : limiter l’utilisation des ressources naturelles.
Des atouts environementaux…
A l’échelle d’un territoire donné, la consigne cumule les atouts. Celui d’abord, de faire des économies pour les collectivités territoriales : celles-ci doivent payer des entreprises pour faire fondre le verre concassé pour le recycler et à ce titre, les citoyens paient chaque année une taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Le saviez-vous ?
Réutiliser les bouteilles en verre, c’est l’assurance pour les collectivités de les revendre plus chères, car elles sont intactes.
De plus, et selon certaines Analyses du cycle de vie (ACV) effectuées par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’impact de la réutilisation est moindre. Réutiliser plutôt que recycler, c’est 75% en moins d’énergie consommée. En mettant en place des réseaux locaux de collecte, et de redistribution des bouteilles, on diminue grandement la charge environnementale. Et si en plus, on peut éviter de produire du plastique, et donc utiliser du pétrole – une énergie, rappelons-le, non renouvelable – c’est mieux !
…Et économiques
Pour les consommateurs, c’est aussi avantageux : un système incitatif, qui donne de la valeur à l’emballage et – on peut l’espérer – diminuera le gaspillage et le volume de déchets jetés dans l’espace public. De plus, cela est gratifiant, et crée des emplois, car la réutilisation est amenée, selon les chiffres de l’ADEME en 2013, à créer quelques 10 000 à 20 000 emplois, et 400 000 pour l’économie circulaire dans son ensemble.
Le gouvernement, dans un communiqué de presse, insiste sur l’intérêt environnemental de la réutilisation des emballages et sur l’importance de la distance et des modes de transport pour les collecter et les reconditionner. Localement, remettre en marche des sites de nettoyage de bouteilles, c’est créer de l’activité.
De plus, l’idée évoquée par le gouvernement était de transformer la gratification en une contribution à une “cause environnementale, de santé ou de solidarité” qui reste à déterminer.
Des initiatives pour rétablir la consigne à l’échelle locale, et bientôt nationale
Des entreprises engagées
Le gouvernement veut multiplier les points de collecte et les automates : cela passe aussi par des partenariats public/privé. Si le système est par exemple très commun dans les concerts ou festivals, des entreprises agissent localement pour remettre la consigne au goût du jour. Il n’est pas rare de voir des Eco Cups lors de soirées ou concerts, qui sont en général consignées un euro et peuvent être collectées grâce à des machines.
Pour ne citer que quelques exemples, la start-up Ma bouteille s’appelle reviens s’occupe de la collecte, de la vaisselle et de la redistribution des bouteilles en verre dans la Drôme et en Ardèche. Objectif : collecter et laver 300 000 bouteilles pour ensuite pouvoir les réutiliser. “Une fois la bouteille de vin, de jus de fruit ou de bière vidée, vous la rendez, elle est lavée et retournée au producteur” selon Solen Bourgeat, la fondatrice, et “cela permet d’économiser 75 % d’énergie et 35 % d’eau par rapport au recyclage”.
D’autres, comme Jean Bouteille, une entreprise créée dans les Hauts-de-France, s’occupent d’équiper les magasins de fontaines et de bouteilles en verre consignées.
Le réseau RECONCIL, lui, s’occupe de l’emballage consigné dans la restauration livrable à domicile : des récipients réutilisables d’autant plus importants que la livraison à domicile explose, et avec elle une quantité d’emballages jetables considérable.
Bon à savoir
Le réseau Consigne a été créé pour soutenir les initiatives encourageant la consigne. Il fédère une dizaine d’entreprises, collectivités et associations engagées.
La remise en cause du plastique
Mais au-delà de ces initiatives pour l’instant peu établies sur l’ensemble du territoire, un enjeu autrement plus important est de mettre cela en place dans les grandes surfaces qui concentrent une énorme quantité de plastique. Ainsi, par exemple, on a pu voir dernièrement la mise en place de machines dans certains supermarchés Monoprix par la start-up Lemon Tri, qui fonctionne ainsi : une bouteille insérée = un bon d’achat ou un don au Secours populaire. Également présentes dans de nombreuses entreprises, ces machines ont un fort rôle incitatif et correspondent à ce que veut mettre en place le gouvernement, sans oublier les questions de RSE et de communication importantes pour les entreprises qui utilisent ces machines.
L’enjeu est donc de taille, mais la question reste de savoir ce qui est préférable entre l’amélioration du recyclage du plastique et le système de consigne. Certains, comme Michel Vialay, député Les Républicains, misent sur une suppression progressive des bouteilles en plastique, au profit de bouteilles en verre consignées. Pour d’autres, on peut faire beaucoup mieux et inciter les Français à recycler de façon plus efficace. Ainsi Jean Hornain, directeur général de Citéo, reste sceptique à propos de la consigne généralisée et insiste sur l’importance du recyclage au niveau national, et notamment dans les villes où l’on consomme souvent hors de chez soi.
Sources
https://www.lepoint.fr/societe/lutte-contre-le-plastique-vers-le-retour-de-la-consigne-12-08-2018-2243064_23.php
https://www.liberation.fr/france/2018/02/06/vers-un-retour-de-la-consigne-sur-les-emballages_1627827
http://www.leparisien.fr/societe/ma-bouteille-s-appelle-reviens-relance-le-principe-de-la-consigne-22-04-2018-7677861.php
Commentaires