Enedis a été enjointe par la Commission de régulation de l’énergie de réformer le système des heures creuses dans sa grille tarifaire pour optimiser la consommation des foyers. Les pics de production solaire devront aussi être régulés, dans un contexte où les réseaux européens sont de plus en plus perturbés par la situation de surproduction française.
Vers un grand chambardement des heures creuses ? La CRE vient d’enjoindre Enedis de réformer de manière radicale son système tarifaire, pour faire face à l’augmentation de la production solaire qui provoque une situation de surproduction dangereuse pour le réseau européen. Il a aussi été demandé au groupe d’encourager les particuliers à optimiser leur consommation : recharger sa voiture électrique ou faire tourner son lave-vaisselle la nuit ne sera peut-être bientôt plus si intéressant…
Lumière sur le solaire
Le système heures pleines / heures creuses, utilisés par près de 15 millions de Français, devait permettre de réduire la facture à la fin du mois, lorsque les appareils les plus énergivores, comme une voiture électrique ou un lave-linge, sont utilisés lors des périodes d’accalmie du réseau électrique national.
Or, cette méthode était adaptée à un pays dans lequel l’électricité nucléaire abondait particulièrement la nuit. La réforme du marché et l’explosion du solaire semblent néanmoins signer la fin de ce système, dont l’inefficacité affecte désormais les pays voisins, comme l’Allemagne.
Si l’énergie nucléaire se régule désormais automatiquement, les aléas de l’ensoleillement provoquent des irrégularités dans le système, qui ne parvient plus à faire face aux situations de surproduction de plus en plus fréquentes. La France a ainsi dû suspendre cinq réacteurs nucléaires les semaines passées.
Yannick Jacquemart, directeur nouvelles flexibilités chez RTE cité par les Échos, explique : “On a tous appris que l’électricité était moins chère la nuit, mais le photovoltaïque qui arrive de façon très abondante en Europe crée un changement de rythme dans le système électrique tout entier.
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Optimiser la consommation
Or, le système actuel pose également des problèmes de compréhension pour les ménages, qui peinent malgré tout à optimiser leur consommation. Pas moins de dix types de tarification coexistent chez Enedis, avec des cas de plages discontinues la nuit et le jour qui rendent la gestion ardue pour les consommateurs.
En outre, les économies permises par ces heures ne sont pas assez significatives pour les particuliers. Ainsi, Enedis peine à les encourager à reporter leurs heures de consommation : un risque compte tenu du système électrique encore fragile, et des pics de consommation qui devraient être de plus en plus fréquents avec le déploiement des véhicules électriques.
Le régulateur de l’énergie, cité par les Échos, aimerait ainsi stabiliser un taux de 30% de consommation durant les heures creuses.
Les heures méridiennes
Une seule solution semble permettre de rééquilibrer le système électrique : déplacer les heures creuses sur les heures méridiennes, en été, quand le soleil abonde et que la consommation d’électricité est faible. Les heures creuses en hiver, lors du déjeuner ou de la fin de journée – c’est-à-dire quand le réseau est sous tension – sont appelées à être supprimées.
Des négociations entre Enedis et la CRE devraient finaliser la réforme du système à appliquer en 2025. 15 millions de clients seront, en effet, affectés par ce changement.
La question de la compétitivité des tarifs reste en suspens. Un expert cité par les Échos explique ainsi : “Cela nous mène à engager une discussion avec les Bourses de l’électricité en Europe pour voir comment elles pourraient coter, dans des produits spécifiques, ces heures où l’électricité est très peu chère, à côté des offres traditionnelles de produits de pic et de base.
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De nombreux facteurs laissent donc encore un peu de temps aux réseaux avant ce grand chambardement.
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