En France, plus de la moitié des logements sont devenus de véritables « bouilloires », selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre publié le 21 août. Depuis 2013, ce phénomène a augmenté de 26 %. La Fondation appelle à inclure cette urgence dans les politiques de rénovation.

Situation urgente. La Fondation Abbé Pierre tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : en 2023, 55 % des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement, un chiffre en hausse avec l’intensification des canicules. Alors que les passoires thermiques se transforment en « bouilloires », la Fondation appelle à adapter d’urgence les habitations face à ces vagues de chaleur.

Un rapport inquiétant

Les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes et sévères, mettent en lumière un problème majeur : l’inadéquation des logements, qui devient critique pendant plusieurs mois chaque année. Selon le rapport, cette inadaptation peut parfois avoir de graves conséquences, comme en témoigne le nombre alarmant de 5 000 décès liés à la chaleur enregistrés durant l’été 2023, dont 75 % touchent les personnes âgées de 75 ans et plus.

Une étude Ipsos-RTE publiée en mai 2023 a ainsi révélé que 37 % des Français subissent à la fois des températures extrêmes en été et en hiver. Les logements mal isolés, en particulier les petits appartements occupés par les jeunes de moins de 25 ans, sont « trois fois plus souvent trop chauds que les maisons individuelles ». En outre, 71 % des jeunes adultes et 70 % des locataires sont confrontés à des conditions de chaleur estivale insupportables. Les familles monoparentales, les personnes âgées et les foyers à revenus modestes sont également les plus affectés.

Les défauts d’isolation thermique, le manque de ventilation adéquate et l’absence de dispositifs, comme des volets ou des espaces extérieurs, aggravent ce problème. Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, souligne l’urgence de réévaluer l’habitabilité des logements. Malgré quelques progrès, l’adaptation des logements aux vagues de chaleur reste insuffisamment intégrée dans les politiques de rénovation.

La politique actuelle de lutte contre la précarité énergétique privilégie la réduction de la consommation d’énergie et l’amélioration de l’efficacité énergétique des systèmes de chauffage, tout en négligeant parfois les mesures préventives comme l’installation de protections solaires et l’utilisation de couleurs claires pour les façades et toitures.

Urgence climatique

La situation des logements face aux vagues de chaleur est préoccupante et pourrait se détériorer davantage. Le rapport met en garde : « Un Français sur sept habite un territoire qui sera exposé à plus de vingt journées anormalement chaudes chaque été d’ici 2050. » En cas de réchauffement de 4 °C, la situation serait encore plus alarmante, avec 93 % des bâtiments confrontés à un « risque fort ou très fort lié aux vagues de chaleur ».

Face à ce tableau sombre, les auteurs du rapport déplorent l’absence de mesures publiques spécifiques pour adapter les logements aux vagues de chaleur, en dehors des rénovations majeures. « Il aurait été utile de subventionner également de simples gestes pour des millions de ménages exposés à la précarité énergétique d’été, sans forcément qu’ils aient à engager des travaux lourds alors qu’ils ont parfois besoin en urgence d’installer des volets », notent-ils.

En outre, la législation actuelle stipule qu’un propriétaire doit assurer une température minimale de 19 °C en moyenne dans les logements, mais ne fixe aucune limite maximale pour les locations. Parmi ses recommandations, la Fondation Abbé Pierre suggère d’« intégrer systématiquement des travaux d’adaptation aux vagues de chaleur aux rénovations énergétiques subventionnées par l’État » et de mettre en place un plan « grand chaud » pour protéger les personnes sans abri, particulièrement vulnérables dans ces conditions extrêmes.

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