Les Jeux Olympiques de Paris seront exclusivement alimentés avec de l'énergie renouvelable. Du Vélodrome au Stade de France, aucune goutte de diesel ne sera utilisée pour éclairer les événements sportifs attendus dans le monde entier. Un choix engagé, qui fait néanmoins craindre des coupures.
Aucune goutte de gasoil ne sera versée pour les JO de Paris. C’est la promesse faite par les organisateurs de l’événement sportif, qui privilégient des sources d’énergies renouvelables pour alimenter stades, écrans et autres dispositifs nécessaires à la retransmission. Alors que les compétitions sportives de cette ampleur requièrent d’ordinaire des quantités astronomiques de diesel, certains spécialistes sont sceptiques quant à la viabilité du projet, et au risque de coupures.
La restriction des groupes électrogènes
Les compétitions sportives internationales sont très énergivores, et nécessitent des quantités colossales de diesel pour assurer la retransmission TV, ainsi que l’alimentation des écrans et de l’éclairage. Ces événements ont ainsi presque toujours recours à des groupes électrogènes, qui posent souci dans un contexte de transition énergétique.
Les spécialistes de l’énergie alertent sur les besoins en énergie d’une compétition de l’ampleur des JO de Paris : “Un soir de match de foot, 4000 litres de gazole sont consommés, et 12 tonnes équivalant de CO2 rejetées dans l’atmosphère”, indique ainsi Nicolas Perrin, directeur d’Enedis pour Paris, à l’AFP. Des chiffres qui font tourner la tête, et qui soulignent l’impact écologique majeur de tels événements.
Les organisateurs des Jeux de Paris souhaitent ainsi changer les règles du jeu, en ayant recours à des énergies plus respectueuses de l’environnement, comme l'énergie solaire. C’est donc le réseau électrique qui sera sollicité dans les stades, et non pas les groupes électrogènes, qui ne seront démarrés qu’en cas d’”ultime recours
”, selon Nicolas Perrin.
Les investissements colossaux d’Enedis
Conformément aux objectifs de transition énergétique, la direction des JO de Paris vise une division par deux des rejets de gaz à effet de serre par rapport aux Jeux de Londres et de Rio. Or, l’ambition d’écarter les groupes électrogènes des compétitions engage des montants colossaux.
100 millions d’euros d’investissements pour 8000 opérations et chantiers de raccordement sur les 42 sites olympiques et 19 sites paralympiques.
Nicolas Perrin justifie ce montant : “Pour garantir une qualité maximale, on a proposé de doubler l’alimentation pour avoir deux points de livraison par site.
” Une mesure qui devrait permettre d’éviter les coupures intempestives. L’alimentation de sites emblématiques déjà raccordés comme le Stade de France a été renforcée dans cette optique.
Estimer le risque de coupures
Le risque de coupures de courant cristallise toutes les craintes des spécialistes. Damien Pillac, manager énergie de Paris 2024 explique ainsi à l’AFP : “On ne peut pas se permettre sur un 100 m de 9,58 secondes d’avoir une coupure de courant.
”
L’efficacité du réseau est donc la priorité des organisateurs. À Montigny ou au Stade de France, par exemple, les postes d’alimentation principaux seront complétés par un second dispositif. Certains de ces postes survivront aux JO 2024, renforçant durablement le système électrique français.
Marc Fleury, directeur d’Enedis Yvelines, signale ainsi qu’il faut se servir de la “vitrine de Paris-2024
” pour “aider le monde de l’événementiel à franchir le pas du raccordement au réseau et sortir de l’utilisation massive des groupes électrogènes.
” Une révolution pour le secteur des sports et de la culture ?
En tout cas, les organisateurs sont confiants : le réseau est construit pour faire en sorte que “le site bascule sur une alimentation de secours
”” en cas de problème sur le poste principal.
Pour tous les sites, il est prévu de mettre en place une troisième ligne de sécurisation par groupe électrogène, mais ceux-ci ne démarreront que si les postes 1 et 2 ne sont plus opérationnels. Or, il y a là une “probabilité quasi nulle
” selon Enedis.
Une multitude de dispositifs
Les plus grands sites ne sont pas les seuls à bénéficier d’un raccordement plus efficace : les sites temporaires, le relais de la flamme, mais aussi les fan zones sont concernées par ce projet, grâce à la mise en place de “bornes événementielles.
” Il s’agit de boîtes d’alimentation qui peuvent se rétracter dans le sol, et qui pourront être utilisées à nouveau lors d’événements culturels et sportifs.
L’épreuve d’équitation de CCE (Concours complet d'équitation), qui se déroule en partie dans le parc du château de Versailles - site très éloigné du réseau -, sera alimentée grâce à un groupe électrogène à 0 émission. En effet, les JO ont fait la promesse de recourir à 100% d’énergies renouvelables, grâce au soutien d’EDF, partenaire de l’événement.
Les quantités d’électricité consommées bénéficieront des garanties d'origines des parcs éolien et solaire du groupe, qui réinjectera dans le réseau le même volume d'énergie. Des mesures qui soulignent l’engagement croissant des Français pour le renouvelable.
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