Lors d’une réunion en début de semaine, les pays du G7 ont confirmé leur volonté de mettre un terme à l’utilisation des centrales électriques à charbon d’ici à 2035. Les discussions, qui ont eu lieu à Turin, ont souligné l’engagement des 7 pays envers les mesures prises à la COP28 en décembre dernier.
Le charbon est dans le viseur du G7. Les objectifs de transition énergétique internationaux soulignent l’importance de l’abandon de ce combustible, trop polluant. Réunis à Turin en début de semaine, les pays du G7 (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Canada, États-Unis et Japon) se sont ainsi engagés à supprimer les centrales électriques à charbon sans dispositif de captage de carbone.
Première rencontre depuis la COP 28
La COP28 de décembre 2023, qui a eu lieu à Dubaï, a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la dynamique de transition énergétique à l’échelle mondiale. Alors que les scientifiques et les experts de l’énergie alertent massivement à propos de l’urgence climatique, la réunion des pays du G7 était particulièrement attendue.
Les ministres de l’Environnement et de l’Énergie des pays membres se sont donc réunis à Turin pour la première fois depuis le sommet de Dubaï. Le ministère des Affaires étrangères français a affirmé lors de la conférence de presse à Turin qu’il était crucial de “concrétiser les engagements pris à la COP28 sur la transition énergétique.
” Un signe de l’implication croissante de la France, qui a réitéré son engagement envers les énergies renouvelables ces dernières semaines.
Alors que la question du gaz n’a pas été évoquée, le charbon est devenu la cible prioritaire des pays membres, dans la lignée des objectifs fixées aux Émirats arabes unis. Un abandon progressif des énergies fossiles dans les mix énergétiques a été fixé lors du sommet : pour le charbon, “une accélération des efforts visant à réduire progressivement son utilisation
” a été prévue à Dubaï. Or, cet engagement avait déjà été évoqué lors de la COP26 de Glasgow.
La France regrette ce retard, et accueille avec tiédeur l’horizon 2035 : les spécialistes français auraient plutôt souhaité une sortie du charbon d’ici à 2030, selon les directives de l’Agence internationale de l’Énergie. Un objectif qui aurait été en accord avec les discussions menées ces derniers mois au Parlement européen.
La réserve du Japon
Les pays membres du G7 ont peiné à trouver un accord. En cause ? Les dynamiques très différentes des systèmes électriques propres à chaque État.
La France peut envisager une sortie rapide du charbon grâce à son parc nucléaire, et a déjà prévu de fermer ses deux centrales à charbon en activité – Saint-Avold et Cordemais – cette année.
Néanmoins, la production électrique japonaise dépend essentiellement du charbon, dont l’utilisation n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années. En 2023, la production d’électricité à partir du combustible a connu une hausse de 2,5 GW. Au pays du soleil levant, un tiers de la consommation d’énergie est permise grâce à l’importation de charbon. Des chiffres qui expliquent la réticence asiatique.
Le système électrique est en pleine transformation depuis la crise de 2022, et il n’est pas impossible de voir une baisse de l’utilisation de ce combustible au Japon dans les années à venir. L’exemple du mix électrique américain est parlant : 50% de l’électricité était issue du charbon en 2000. En 20 ans, cette part a chuté à 20%, grâce à l’utilisation croissante du gaz naturel, deux fois moins cher en termes de production selon un rapport du Global Sovereign Advisory publié ce lundi.
Des données qui pourraient laisser envisager la possibilité d’un abandon progressif de cette ressource en Asie.
Une transition énergétique en demi-teinte
Alors que le charbon est devenu l’ennemi numéro un des pays du G7, certains spécialistes sont plutôt critiques quant aux mesures prises en ce début de semaine : la question de la restriction de la production de gaz n’a presque pas été évoquée. Les experts soulignent pourtant le caractère problématique de cette source d’énergie : “L’addiction évidente des pays du G7 à la production et à la consommation de gaz reste ‘l’éléphant dans la pièce’ dans la mesure où les investissements publics se poursuivent dans ce domaine
”, selon les mots de Linda Karcher, directrice du think tank Stratégic Perspectives, citée par les Échos.
Des chiffres qui parlent pour eux-mêmes : les pays du G7 sont à l’origine de 21% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, selon l’Institut d’analyse du climat.
En outre, les mesures prises lors du sommet de Turin ne garantissent pas un ralentissement à l’échelle internationale de l’utilisation du combustible : elle continue même d’augmenter dans certaines régions du globe, et est en hausse en 2023. Les pays asiatiques sont particulièrement gourmands en gaz en raison de leur modèle industriel et on observe par exemple une augmentation de 4,9% en Chine, de 11% en Indonésie, et de 8% en Inde. De quoi questionner l’efficacité des efforts du G7 à l’échelle mondiale.
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