01/07/2022 : Les dirigeants des trois énergéticiens français, Engie, EDF et Total Énergies, appellent la population à réduire “immédiatement” leur consommation d’énergie pour éviter les pénuries et la flambée des prix qui menacent, selon eux, “la cohésion sociale” dans quelques mois, lorsque l’hiver et le froid arriveront sur l’Hexagone.
Il y a urgence. Pour faire face à la grave crise énergétique que nous vivons depuis plusieurs mois déjà, il va falloir la jouer collectif et faire preuve de sobriété énergétique. C’est le message adressé aux Français par Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, Jean-Bernard Lévy et Patrick Pouyanné, respectivement PDG d’EDF et de Total Énergies, dans une tribune parue, dans le Journal du Dimanche, le 26 juin dernier.
Ensemble, et c’est suffisamment rare pour être souligné, les trois dirigeants, plutôt habitués à se livrer une guerre économique et commercial sur le marché de l’énergie, tirent la sonnette d’alarme. Et demandent aux Français de réduire “immédiatement” leur consommation d’électricité, de gaz, de carburant et de pétrole pour éviter les pénuries et la flambée des prix qui menace, selon eux, “la cohésion sociale” dans quelques mois, lorsque l’hiver et le froid arriveront sur l’Hexagone.
“Nous appelons à une prise de conscience et à une action collective et individuelle pour que chacun d'entre nous - chaque consommateur, chaque entreprise - change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers”, écrivent-ils.
Cette tribune intervient dans un contexte où la France, mais aussi l’Europe, manquent d’énergie. La Russie a réduit ses exportations de gaz sur le continent pour punir les Européens de leur soutien à l’Ukraine, attaquée par Moscou depuis février dernier. Avant la guerre, les importations russes sur le continent européen représentaient 40% de la consommation de gaz (17% pour la France).
Au niveau national, la réduction de la production d’électricité nucléaire a fortement diminué du fait de l’arrêt de douze réacteurs à cause d’un défaut de série. Aucune date de remise en route n’a été annoncée. Et, pour compléter un tableau déjà bien noirci, le niveau d’enneigement cet hiver était insuffisant pour remplir les barrages hydrauliques.
Du gaz en quantité insuffisante, les centrales nucléaires à l’arrêt, les barrages hydrauliques à sec et de possibles coupures de gaz pour les sites industriels les plus énergivores, voici un cocktail qui pourrait s’avérer explosif durant l’hiver.
“La flambée des prix de l'énergie qui découle de ces difficultés menace notre cohésion sociale et politique et impacte trop lourdement le pouvoir d'achat des familles, avancent les trois dirigeants. La meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas”. C’est pourquoi ils demandent la création d'un “grand programme d'efficacité énergétique” et une “chasse au gaspillage nationale”.
Selon eux, il faut “agir dès cet été”, avant que cela ne soit trop tard. Cela “nous permettra d'être mieux préparés pour aborder l'hiver prochain et notamment préserver nos réserves de gaz”. Et d’ajouter, comme une injonction au peuple français : “L'effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte”.
En attendant, le pays tente tant bien que mal, malgré un contexte défavorable, de remplir ses réserves de gaz pour l’hiver prochain d’ici le début de l’automne afin de permettre à la population française de passer l’hiver au chaud. Sinon... l'hiver risque d'être chaud, au niveau social, pour le gouvernement.
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