Évolution des tarifs sur les dernières années
En 2008, le prix TTC du MWh d’électricité pour les ménages était de 112,33€, contre 171,47€ en 2018.
La tendance s’est poursuivie en 2019 et 2020, avec une impressionnante augmentation de 7,7% en juin 2019, suivie d’une nouvelle augmentation de 1,49% en août. Le tarif réglementé d’électricité a encore pris 2,4% en février 2020. En juin 2020, une hausse du TURPE de 2,75% prévue pour le mois d’août a annoncé une prévisible nouvelle augmentation de la facture des Français - qui s’élèvera finalement à 1,55%.
Evolution du tarif réglementé d’électricité (TRV) d’août 2017 à février 2020
Le TURPE est le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité. Il est fixé par la CRE et rémunère les services d’acheminement de l’électricité. Il est donc reversé à Enedis, RTE et aux ELD. Il est payé par tous les consommateurs sur leur facture d’énergie.
Il faut savoir que la facture d’électricité se compose de deux éléments :
- L’abonnement, la part fixe de la facture. Il dépend de la puissance de compteur souscrite et de l’option tarifaire (base, heures pleines/heures creuses, etc.)
- Une part variable qui dépend du nombre de kWh consommés par le foyer et donc du prix du kWh.
Le prix du kWh lui-même dépend de trois éléments :
- Le prix de la fourniture, pour couvrir les coûts de production, d’approvisionnement et de gestion du fournisseur d’électricité
- Le prix de l’acheminement, lié à l’utilisation des réseaux pour amener l’électricité jusqu’au consommateur
- Les taxes : la contribution tarifaire d’acheminement (CTA), la contribution au service public de l’électricité (CSPE), les taxes sur la consommation finale d’électricité (TCFE) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Prix du TRV et prix des offres de marché
En août 2020, le prix du kWh pour le tarif réglementé d’électricité en 6 kVA, la puissance de compteur la plus fréquente en France, est de 0,1557 € TTC. L’abonnement annuel, toujours en 6 kVA, est de 127,92 € TTC. Un compteur en 6 kVA correspondant en moyenne à 2400 kWh consommés par an, cela représente une facture d’électricité annuelle de 492,24 €.
Pour les logements plus grands ou se chauffant uniquement à l’électricité, la facture augmente encore. L’électricité est en effet une des énergies les plus chères, loin devant le bois, devant le gaz également, et derrière le fuel seulement. Pour les ménages français qui se chauffent à l’électricité, la facture de chauffage annuelle est en moyenne de 1802 euros, soit 75% de leur facture d’énergie.
Dans les faits, la CRE dénombre donc 23 894 000 sites résidentiels abonnés au tarif réglementé au 31 décembre 2019, pour une consommation annuelle de 113,23 TWh. Cela représente une consommation moyenne d’électricité par an de 4740 kWh par site, soit une facture de 733 €… sans compter le montant de l’abonnement annuel.
En d’autres termes, la facture moyenne des Français abonnés au tarif réglementé d’électricité, abonnement compris, est actuellement supérieure à 850 euros.
Pourtant, les offres de marché qui se sont multipliées proposent parfois des réductions substantielles sur le prix du kWh, responsable de la partie la plus importante de la facture d’électricité des ménages français.
Chez les grands concurrents d’EDF, Total Direct Energie propose les offres les plus avantageuses avec trois offres indexées sur le tarif réglementé :
- - 2% sur le prix du kWh HT pour l’offre Verte
- - 5% pour l’offre Classique
- - 10% pour l’offre Online
Le tarif de l’abonnement, identique pour les trois offres, est le même que celui du tarif réglementé d’EDF.
Il existe trois types de tarifs :
- Le tarif indexé, qui suit les variations du TRV mais reste toujours inférieur d’un certain pourcentage.
- Le tarif fixe, fixé en début de contrat et qui n’augmente ni ne descend pendant toute la durée de celui-ci, quelles que soient les variations du TRV.
- Le tarif fixe ajustable à la baisse, qui peut être revu si le TRV vient à descendre pendant la durée du contrat, mais ne peut pas augmenter.
Toujours chez les grands fournisseurs, le Suédois Vattenfall propose également 10% de réduction sur le prix du kWh du tarif réglementé, avec un abonnement inférieur ou identique au TRV.
Enfin, plusieurs petits fournisseurs proposent des offres qui permettent d’économiser jusqu’à 10% sur le prix du tarif réglementé, abonnement et prix du kWh confondus. À noter que le jeune fournisseur Méga Énergie propose, outre deux offres indexées respectivement à -8 et -13% du TRV, une offre indexée jusqu’à -35% sur l’EPEX (European Power Exchange), la bourse d’électricité.
Cependant, si au 1er juin 2020 cette offre représentait incontestablement l’économie la plus intéressante sur le marché de l’électricité français, son indexation sur le marché de gros est aussi un risque pour le consommateur. Au moment du confinement, les prix de gros européens se sont en effet effondrés bien en-deçà de leur cours habituel. L’UFC Que Choisir a même choisi de retirer l’offre Online de Méga Énergie de son comparateur.
Une évidence demeure : en comparant les offres et en choisissant un fournisseur alternatif, il est possible pour le foyer français moyen, en 6 kVA et avec une consommation annuelle de 4740 kWh, d’économiser plus de cent euros par an sur sa facture d’électricité.
Néanmoins, les Français payent leur mauvaise connaissance du marché énergétique. Les progrès sont notables : d’après le baromètre 2019 du médiateur national de l’énergie, 9 Français sur 10 savent aujourd’hui qu’il leur est possible de changer de fournisseur.
En 2019, le baromètre a changé sa méthodologie en modifiant la formulation du questionnaire, rendant impossible toute comparaison avec les résultats des années précédentes. D’après le baromètre 2017, 50% des Français ignoraient pouvoir changer de fournisseur d’énergie ; ils étaient 33% dans le baromètre 2018.
Les autres l’ignorent. Et nombreux sont sûrement les Français à ne pas savoir non plus que les contrats d’énergie des particuliers, contrairement à un abonnement internet par exemple, sont tous sans engagement. Cela veut dire qu’ils peuvent changer de fournisseur librement et quand ils le souhaitent, sans frais de résiliation.
Autre problème : la façon dont se font les réductions des fournisseurs alternatifs. Total Direct Energie affiche jusqu’à -10% sur le prix du kWh, l’offre Classique de Ohm Énergie -11%, celle de Mint Énergie -21%, et ainsi de suite.
La petite ligne inconnue du consommateur, c’est qu’il s’agit d’une réduction sur le prix du kWh HT. Or les taxes représentent un tiers d’une facture d’électricité, dont 14% pour la seule TVA.
Quelle est la situation actuelle?
Pourtant, les Français ont plus que jamais intérêt à changer de contrat. D’abord, bien sûr, parce que le tarif réglementé ne va pas diminuer - bien au contraire. Ensuite parce que la crise sanitaire provoquée par le coronavirus a bouleversé le marché de l’énergie européen et malmené un peu plus le pouvoir d’achat des Français.
En France, le confinement a duré du 17 mars au 11 mai. Pendant cette période, la consommation d’électricité a baissé de 15 à 20%, atteignant des niveaux similaires à un mois d’août. Mais ce ne sont certainement pas les particuliers qui ont brusquement moins consommé : ce sont les entreprises.
À elles seules, elles représentent les deux tiers de la consommation d’électricité du pays. L’arrêt de l’activité d’une bonne partie d’entre elles a donc brutalement fait chuter la consommation d’énergie de la France. Mais les particuliers ont eux connu la situation inverse. Plus présents chez eux, en télétravail lorsque c’était possible, ils ont donc plus sollicité leurs appareils électriques : ordinateurs, lampes, chauffage, télévision, etc.
Pendant le confinement, les Français ont regardé la télévision 4h43 par jour en moyenne selon Médiamétrie. C’est un tiers de plus qu’en temps normal. La télévision a donc, à elle seule, augmenté la consommation des foyers français !
Résultats d’une enquête qualitative menée par Odoxa en mars 2020
Sources: Odoxa; CGI; France Info; France Bleu © Statista 2020
Informations complémentaires: France; Odoxa, CGI; 25-30 mars 2020; 3004 personnes interrogées; 18 ans et plus; France métropolitaine; Sondage en ligne
Si globalement la consommation d’électricité en France va baisser en 2020 (d’environ 6% selon l’Agence nationale de l’énergie), la facture des particuliers devrait au contraire augmenter cette année.
Parallèlement, les prix ont été impactés par ces modifications de consommation. Avec l’effondrement de la demande, les prix de gros sur le marché européen ont suivi et ont dramatiquement chuté. Sur le marché français, le prix du mégawattheure a perdu 40%. Comme les cours du pétrole, dont le plongeon a fait plus de bruit, la bourse d’électricité a connu des prix négatifs.
Contrairement aux prix de l’essence à la pompe, la dégringolade du cours de l’électricité et du prix spot a moins influencé les consommateurs, mais elle a mis les fournisseurs - et tout particulièrement les fournisseurs alternatifs - dans une situation compliquée.
Dans le même temps, la France est entrée dans une crise économique qui, elle, va durablement impacter les Français et leur pouvoir d’achat. Alors même, donc, que leur facture d’énergie ne va pas diminuer.
La pandémie mondiale de coronavirus met actuellement l’économie planétaire à rude épreuve. Selon la Banque mondiale, le PIB de la planète pourrait se contracter de plus de 5% en 2020 : c’est la pire crise économique depuis 150 ans. Une récession pire qu’en 2008, pire aussi selon certains que la Grande Dépression de 1929 - même si les deux sont difficilement comparables.
En France tout particulièrement, la crise s’annonce rude. Au 1er trimestre 2020, le P.I.B a chuté de 5,3% d’après l’INSEE.
Pour l’année, le FMI prévoit une baisse du PIB français de 12,5%, le gouvernement tablant sur 11%. Au mois de mars, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi a augmenté de plus de 7%, une hausse comme la France n’en avait pas connue depuis 2009.
* prévision du FMI en date du 24 juin 2020
Sources: Insee, FMI
Bref : tous ces éléments sont autant d’indicateurs penchant en faveur d’une nouvelle perte de pouvoir d’achat pour les Français cette année.
D’ailleurs, d’après le 9e baromètre pouvoir d’achat de CSA/Cofidis, 62% des Français sont inquiets pour leur pouvoir d’achat 2020 et 4 Français sur 10 s’estiment déjà touchés par les effets de la pandémie, du confinement et de la crise : chômage, augmentation des prix, baisse de la consommation, etc.
Retrouvez en suivant ce lien la première partie de notre enquête : Le marché de l'énergie en France
Retrouvez ici la troisième partie de notre enquête : Le pouvoir d’achat énergétique des Français
Retrouvez notre étude complète en consultant ce pdf.
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