Alors que le gouvernement vient de réitérer sa volonté de soutenir l’éolien flottant, son appel d’offres AO5, sur les côtes de Belle-Île-en-Mer, vient d’être remporté par l’allemand BayWa r.e. et le belge Elicio. Le parc, d’une capacité 250 MW, devrait éviter à la filière de partir à la dérive. Le prix de rachat, établi à 86,45€, laisse, néanmoins, les énergéticiens dubitatifs.
L’éolien offshore français sauvé du naufrage ? L’appel d’offres lancé par l’exécutif vient tout juste d’être remporté, et le nom des grands gagnants a été annoncé avec quelques semaines de retard.
Les partenaires BayWa r.e. et Elicio seront donc chargés de l’exploitation du parc offshore français, situé en Bretagne du Sud. D’une puissance de 250 MW, les dispositifs devraient pouvoir fournir de l’électricité à 450 000 habitants.
Le gouvernement navigue à vue ?
Au cours des semaines passées, l’exécutif a publiquement affiché son soutien à la filière offshore, pierre angulaire de sa nouvelle stratégie énergétique. Pour répondre à l’inquiétude des acteurs de la filière, qui craignaient que leurs projets ne tombent à l’eau, notamment en Méditerranée, le gouvernement a lancé un méga-appel d’offres.
Pourtant, la filière semble encore rencontrer des difficultés : c’est avec plusieurs semaines de retard que l’identité des grands gagnants a été révélée. En cause ? Le premier candidat retenu – dont le nom n’est pas connu – n’avait pas les fonds nécessaires pour mener à bien le projet. De quoi raviver le vent de colère qui souffle déjà parmi les acteurs du secteur.
C’est finalement le consortium germano-belge, composé de Baywa r.e et d’Elicio, qui a emporté la partie. Le développement du parc, d’une capacité de 250 MW, va donc enfin commencer.
Le prix d’achat fait des vagues
Le prix de rachat, au cœur des débats, a aussi été révélé par l’exécutif : 86,45 euros du MWh. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il inquiète les acteurs de la filière, qui craignent que la rentabilité du projet ne soit pas au rendez-vous.
Le ministre de l’Économie a voulu rassurer les énergéticiens dans un communiqué où il déclare : “La filière éolienne en mer n’a plus à prouver sa compétitivité.
” Pourtant pro-nucléaire, Bruno Le Maire avait également affirmé son soutien au secteur solaire il y a quelques semaines.
Mais les chiffres parlent pour eux-mêmes : le prix plafonné pour cet appel d’offres avait été établi à 140 euros par MWh avant que la filière ne soit touchée par la crise. Avec l’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt et la flambée des prix des matières premières, il semble très difficile aujourd’hui d’assurer la viabilité financière du projet en dessous de cette somme.
La majorité des offres était située bien en dessous de cette limite budgétaire, alors que la tarification était un élément crucial du cahier des charges. Une stratégie adoptée par les firmes pour remporter la mise. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a même dû procéder à un contrôle des offres anormalement basses pour garantir la solidité financière des candidats.
Et pour cause : selon certaines études, les prix d’achat du prochain projet éolien du Royaume-Uni atteindraient le double de celui de l’appel d’offres français. En effet, le gouvernement britannique avait dû abandonner de nombreux projets les années passées, en raison de prix trop bas. L’exécutif avait alors accepté de relever les prix de 66% pour le développement de l’éolien. Le gouvernement français rame-t-il à contre-courant ?
Cap sur la Bretagne
Le développeur d’énergies renouvelables BayWa r.e., actif dans 34 pays, et le spécialiste de l’éolien Elicio, qui agit déjà dans l’Hexagone, ont mis en exergue leur engagement environnemental, tout en soulignant l’importance accordée à l’économie locale.
Des PME seront ainsi chargées d’au moins 10% des études, de la fabrication des dispositifs et des travaux. 10% de l’entretien, de la maintenance et du développement du site sera également confié à ces entreprises.
Par ailleurs, les partenaires devront investir 20 millions d’euros dans le Fonds Biodiversité. Un engagement qui fait écho aux objectifs de transition écologique européens.
Le parc de Belle-Île-en-Mer devrait porter à 4,8 GW la capacité des dispositifs en service, ou en cours de construction. Des chiffres intéressants, mais qui ne semblent pas à la hauteur de la cible du gouvernement : 18 GW d’éolien offshore en 2035, et 45 GW en 2045.
Roland Lescure se félicite déjà, lors d’une conférence de presse : “Les opportunités vont se multiplier avec l’attribution de 14 GW dans les trois prochaines années.
” Reste à voir si plus de parcs fendront vraiment les eaux françaises à l’horizon 2027.
Commentaires