L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), assure que le France pourrait produire, d’ici 2050, 100% de son énergie électrique à partir d’énergies renouvelables et affirme que le passage vers un mix électrique 100% renouvelable ne serait pas plus coûteux qu’une stratégie reposant majoritairement sur l’énergie nucléaire. Mais est-ce possible de produire une grande quantité d’électricité sans bousculer le climat et sans le nucléaire ?
Électricité d’origine 100% renouvelable en 2050, quel coût ?
Dans son rapport, l’Ademe affirme qu’en 2050, l’électricité d’origine 100% renouvelable aurait un coût de 119€ HT le mégawattheure, ce qui serait presque identique à un mix énergétique composé de 50% de nucléaire et 40% d’énergies renouvelables ( 117€ HT/MWh). L’un des auteurs de l’étude de l’Ademe, David Marchal, explique la différence de coût de ces deux énergies « Ceux des technologies éolienne et solaire sont amenées à baisser respectivement de 20% et 40% d’ici 2050 ». A l’inverse, l’étude de l’Ademe démontre que le coût du nucléaire augmenterait de 30% d’ici 2050. Quel que soit le mix énergétique retenu en 2050, l’Ademe assure que l’électricité aurait un coût beaucoup plus élevé qu’actuellement (30% plus cher).
50.000 éoliennes et 500 Km² de centrales nucléaires en 2050
Dans son scénario de référence, l’Ademe fait l’hypothèse qu’en 2050, 63% de l’énergie électrique produite serait issue de l’éolien (ce qui impliquerait le déploiement de 50.000 éoliennes à terre et en mer). Le solaire, quant à lui, représenterait 17% de l’énergie produite (ce qui impliquerait la construction de 500 km² de centrales solaires au sol et d’avoir des des dizaines de milliers de toits équipés en panneaux solaires photovoltaïques). Le reste de l’électricité produite viendrait de l’hydraulique à 12%, ainsi que des filières thermiques renouvelables et de la géothermie à 7%. L’Ademe prévoit aussi le déploiement d’installations pour exploiter l’énergie des vagues, la construction d’usines pour produire du méthane à stocker à partir d’électricité excédentaire et de plusieurs centrales utilisant ce gaz pour produire du jus. Dans ce cas, le stockage de l’énergie aurait un coût très important. Sur ce sujet, David Marchal affirme que « Le solaire ne produit de l’électricité qu’en journée. Du coup, si cette technologie était exploitée massivement, le niveau de production dépasserait fréquemment la demande, et il faudrait trouver les moyens de stocker l’électricité ou de l’exporter, ce qui s’avère coûteux. A l’inverse, l’éolien produit de l’électricité un peu tout le temps, ce qui en fait une technologie moins onéreuse à déployer massivement ».
L’augmentation de la part des éoliennes à terre dans le mix énergétique proposé par l’Ademe ne serait pas très bien accueilli par des milliers de riverains, qui se plaignent de nuisances (bourdonnements dans les oreilles, maux de têtes, vertiges) causées par ces énormes moulins installés en bordure de leur communes. Pour répondre à cette problématique, l’Ademe a établi des scénarios alternatifs, ou la part de solaire serait bien plus importante. « Nous avons aussi établi des scénarios alternatifs, qui démontrent qu’un mix électrique 100% renouvelable est possible même en cas de forte opposition de la population aux éoliennes, qui limiterait les possibilités d’implantation. La part de solaire serait alors bien supérieure. Le coût serait lui aussi plus élevé : jusqu’à 133 euros le MWh, soit près de 12% de plus que dans le cas de référence, en cas d’acceptabilité très contrainte»
Reportage France 2 sur le rapport de l’Ademe
Les limites du rapport de l’Ademe
« L’étude réalise une analyse de différents mix électriques optimaux à un horizon lointain sans prendre en compte l’existant. Elle ne s’intéresse donc pas à la trajectoire d’investissement permettant d’assurer une transition entre le système électrique actuel et les mix étudiés ». En effet, une production électrique 100% renouvelable en 2050 impliquerait la fermeture des centrales nucléaires, or l’Ademe ne définit pas la trajectoire des investissements nécessaires pour arriver à cette production.
Dans anticipations de coûts optimistes
Le rapport de l’Ademe repose sur des anticipations de prix pour les nombreux composants (panneaux solaires photovoltaïques, éoliennes, systèmes de stockage à air comprimé, batteries..) du système électrique modélisé. Puis par leur multiplication au nombre des composants du système. C’est en réalité un calcul sans réalité économique car cette étude ne prend pas en compte le coût croissant du déploiement des énergies renouvelables dans le système actuel.
Le coût de stockage et de déstockage de l’électricité est lui aussi jugé très optimiste. Pour Michel Bena, le directeur des Smartgrids du RTE « on peut toujours aligner des terrains de foot de batteries, mais avec les coûts actuels et les pertes de rendement, il n’y a pas d’espace économique pour ces technologies si on doit les déployer au niveau nécessaire pour dépasser 30% d’énergies renouvelables dans la production.»
Le système doit répondre à la contrainte maximale
L’Ademe propose un scénario de baisse consommation en 2050, et prend pour cible 422 TWh seulement à fournir aux consommateurs et à l’économie française en une année. L’Ademe insiste que ce chiffre doit être comparé à la consommation en 2013, soit 442TWh. On peut donc penser que l’écart n’est pas important entre l’objectif en 2050 et la réalité actuelle, à condition de faire un minimum d’effort d’économie. L’ennui, c’est que d’après la RTE, la consommation en France en 2013 était de 495 TWh, ce qui est différend de l’estimation de l’Ademe, qui interrogée sur ce chiffre, précise que c’est une “prévision” et “une consommation finale corrigée des variations climatiques” prise du bilan énergétique Français.
Or, l’année la moins consommatrice de ces dix dernières années était celle de 2014, avec un record de chaleur annuelle (un hiver doux et un été frais donc une baisse consommation de l’énergie), pour une consommation dépassant de 20 TWh le chiffre avancé par le rapport de l’Ademe. Une analyse plus exacte aurait été de dire qu’avec huit millions d’habitants de moins qu’en 2050 (la France passera à 72 millions d’habitants en 2050) , la consommation des dix dernières années varie de 465 TWh en 2014 à 513,1 TWh en 2010.
Source : sciences.blog.liberation.fr
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