Au cours de l’année 2017, EDF a perdu plus de 1.12 millions de clients, soit plus de 100.000 par mois et le double par rapport à l’année précédente. Et cette tendance ne fait que se confirmer en 2018 puisqu’en septembre, le géant de l’électricité a perdu plus d’un million d’abonnés. Où sont-ils passés ? Ils se sont tout naturellement tournés vers les concurrents alternatifs du fournisseur historique, les deux plus gros étant Engie, le fournisseur historique de gaz et Direct Energie, qui vient de se faire racheter par le géant pétrolier Total. Malgré sa capacité à “résister” et une éventuelle hausse des tarifs réglementés de l’électricité à prévoir, on est en droit de se demander combien de clients EDF va encore perdre.

Comment expliquer la perte des clients d’EDF

Depuis 2007, date de l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence, de multiples fournisseurs d’électricité et de gaz dits “alternatifs” sont nés avec dans leurs paniers des offres toutes plus attractives les unes que les autres, et bien en deçà du prix des tarifs réglementés. Réductions, économies sur la facture, électricité verte… Chaque fournisseur rivalise avec les autres et fait perdre du terrain aux offres régies par le TRV (tarif réglementé de vente). Le tarif réglementé proposé par EDF n’est pas le moins cher du marché, ce qui se fait ressentir dans son nombre de clients.

Le Tarif réglementé, c'est quoi ?

Les Tarifs Réglementés de l’électricité et du gaz sont des tarifs fixés par les pouvoirs publics. Seuls les fournisseurs historiques d’électricité et de gaz, respectivement EDF et Engie, peuvent les proposer à leurs clients.

A la fin de l’année 2017, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) estimait que 5.8 millions de foyers avaient un abonnement chez un des fournisseurs alternatifs, soit 17.9% de part de marché. En 2018, ce chiffre se rapprocherait plus de 20%, ce qui commence à devenir inquiétant pour le fournisseur historique. Et le rachat de Direct Energie par Total et l’arrivée de Leclerc sur le marché de l’énergie risquent notamment d’accentuer ce mouvement.

Néanmoins, EDF ne se montre pas touché par ces pertes et n’a pas dit son dernier mot. Le fournisseur historique souhaite étendre ses activités et promet des « services de confort, de bien-être et de performance énergétique » pour ses clients, « y compris en s’ouvrant à d’autres domaines que l’énergie ». Si vous êtes intéressé(e) par ces nouveautés, vous pouvez à nouveau souscrire à une offre d’énergie EDF au 09 69 32 15 15.

En attendant, il souhaite seulement que la remontée des prix de marché de l’électricité de l’année 2017 réduise l’espace économique de ses concurrents en réduisant l’attractivité et la compétitivité de leurs offres.

Pourquoi n’ont il pas tous déjà quitté EDF ?

Près de 50% des consommateurs ne sont pas au courant qu’ils sont en mesure de changer de fournisseur quand bon leur semble et sans frais. Le médiateur de l’Energie rajoute que seuls 33% des consommateurs savent qu’EDF et Engie sont des fournisseurs différents et concurrents.

électricité verte EDFEDF tente d’ailleurs d’adapter sa stratégie en sortant une offre baptisée “Vert électrique”, de manière à inciter les consommateurs à consommer de manière responsable, l’objectif étant de conserver des clients qui quittent les tarifs réglementés, mais qui sont loyaux à EDF.

La concurrence d’EDF

Depuis l’ouverture du marche de l’énergie à la concurrence, EDF fait face à une concurrence accrue qui compte aujourd’hui plusieurs dizaines de fournisseurs dits alternatifs. Le fournisseur historique se trouve principalement en concurrence avec deux acteurs majeurs sur le marché de l’énergie : Engie et Direct Energie.

Le fournisseur historique de gaz, Engie, propose des offres moins chères le tarif réglementé d’EDF. Cependant, en tant que fournisseur historique (ex-GDF Suez), il doit aussi faire face à une perte massive de clients depuis plusieurs années.

Direct Energie quant à lui commence à s’imposer de plus en plus sur ce marché très concurrentiel, grâce notamment à son rachat par Total, qui permet au géant pétrolier de posséder désormais plus de 6.3% de parts de marché.

Le tarif bleu d’EDF en 2017

Actuellement, EDF propose le tarif Bleu, soit le tarif réglementé, disponible en option Base ou en option tarifaire heures pleines / heures creuses et en option Tempo (remplace l’offre EJP). Voici les prix que le fournisseur historique de l’électricité propose à ses clients :

Grille tarifaire du Tarif Bleu d'EDF :

Puissance
(kVA)
Option tarifaire de baseOption Heures Pleines - Heures Creuses
Abonnement
(€ TTC/an)
Prix du kWh
(€ TTC/kWh)
Abonnement
(€ TTC/an)
Heures Pleines
(€ TTC/kWh)
Heures creuses
(€ TTC/kWh)
3116,23 €0,2516 €
6152,10 €0,2516 €157,04 €0,2700 €0,2068 €
9190,63 €0,2516 €201,84 €
12229,91 €243,30 €
15266,54 €282,88 €
18302,88 €322,06 €
24383,52 €404,36 €
30452,16 €467,65 €
36533,16 €540,91 €

Le Tarif Bleu d'EDF correspond au Tarif réglementé en vigueur de l'électricité.
Les puissances 18 à 36 kVA en option de base ne sont plus disponibles à la souscription depuis le 01/08/18.

Last modified the 22 octobre 2019

Par ailleurs, de nombreux fournisseurs alternatifs de l’électricité proposent des offres à prix du marché : prix indexés, prix fixes, prix révisables à la baisse. Il suffit au consommateur de changer de fournisseur d’électricité pour en bénéficier. Ces prix sont bien plus avantageux puisqu’ils proposent souvent une réduction par rapport au Tarif réglementé.

Vers la fin du tarif réglementé de l’électricité ?

Le tarif réglementé du gaz est d’ores et déjà en sursis et on parle aussi de la suppression du TRV de l’électricité pour 2019 (pour en savoir plus rendez-vous ici). En effet, le Conseil d’Etat a décidé de la suppression du tarif réglementé du gaz, jugé “contraire au droit européen”. Il a été certifié que leur maintien “constitue une entrave à la réalisation du marché concurrentiel du gaz, sans que cette restriction respecte les conditions qui auraient permis de la regarder comme admissible au regard du droit de l’Union européenne”.

Fin du tarif réglementéBien que cette décision ne s’applique pour l’instant qu’au gaz, le tarif réglementé de l’électricité est lui aussi en danger. Il est néanmoins bon de rappeler qu’une distinction est faite entre le gaz et l’électricité, puisque le gaz n’est pas un bien de première nécessité.

Le PDG d’EDF s’est exprimé sur le fait que “L’électricité (est) à la fois un besoin essentiel pour les gens – alors que le gaz ne l’est pas – et n'(est) pas substituable”.

Nicolas Hulot a rappelé qu’“il en va du gaz comme de l’électricité, à un moment ou à un autre, il faudra s’y plier”. La France va donc devoir appliquer les demandes de Bruxelles, qu’il s’agisse du gaz ou de l’électricité.

Petit rappel

Les tarifs réglementés ont déjà été supprimés pour ceux ayant une puissance électrique souscrite supérieure à 36 kVA ou dont la consommation gazière excède 30 mégawattheures (MWh) par an.

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