Mardi 7 mai, l’Autorité de sûreté nucléaire a donné son accord à EDF pour la mise en service de l’EPR de Flamanville. Le lancement du dispositif, programmé pour l’été 2024, était initialement prévu en 2012.

Douze ans de retard. L’EPR de Flamanville aurait dû être mis en service en 2012 : ce mardi 7 mai, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a finalement approuvé le lancement de l’EPR d’EDF à Flamanville. Le groupe peut désormais entamer le chargement du combustible nucléaire dans le noyau du réacteur : cette étape permettra de démarrer progressivement la production d’électricité, prévue pour cet été.

Une phase de test

Si EDF se réjouit de pouvoir poursuivre ses travaux dans un contexte où le gouvernement met les réseaux sous pression pour atteindre les objectifs de transition énergétique, le chemin risque encore d’être semé d’embûches.

Julien Collet, directeur général adjoint du gendarme de la sûreté nucléaire en France cité par Libération, a déclaré “L’ASN vient d’adopter l’autorisation de mise en service de l’EPR de Flamanville” pour permettre à EDF “d’engager la phase d’essais” qui devrait s’étendre sur plusieurs mois. Il s’agira pour le groupe de “vérifier le bon comportement du réacteur et le bon fonctionnement des dispositifs de sûreté du réacteur.

La phase d’essai pourrait donc retarder un peu plus le lancement de la production d’électricité : EDF a connu plusieurs problèmes avec des réacteurs défectueux, et l’arrêt les semaines passées de cinq appareils nucléaires souligne la difficulté à gérer le réseau.

Encore du retard ?

Bonne nouvelle cependant pour le groupe : EDF est autorisé à débuter le chargement d’uranium dans le réacteur. Or, il s’agit d’une étape primordiale pour pouvoir produire de l’électricité.

Le raccordement électrique implique quant à lui un travail d’ampleur : le couplage ne sera effectif que dans quelques mois, quand le réacteur aura atteint une capacité de 25% de production d’électricité. Cette puissance sera atteinte petit à petit. Il faudra attendre la fin de l’année pour que l’EPR soit en mesure de fournir 100% des électrons.

Les experts craignent encore du retard : EDF devra obtenir l’autorisation de l’ASN à trois reprises : “avant de démarrer la réaction nucléaire”, “au palier de puissance de 25%” et enfin “au palier de puissance de 80%”, selon le gendarme du nucléaire. Le calendrier annoncé pourrait donc ne pas être tenu.

Les difficultés du nucléaire

Alors que le gouvernement a mis l’accent sur le nucléaire dans son mix électrique pour atteindre les objectifs de décarbonation fixés par le Parlement européen, le cas de Flamanville laisse les énergéticiens songeurs. L’exécutif prévoit la construction de 14 réacteurs en France, mais la décennie de retard accusée par EDF suggère les difficultés rencontrées par la filière.

Le chantier de Flamanville a été particulièrement laborieux : 17 ans de travaux, une multitude de problèmes techniques, et un budget colossal engagé. Or, la facture commence à grimper : après 12 ans de retard, la somme engagée dans la construction du site s’élève à 13,2 milliards d’euros selon EDF. Quatre fois le montant prévu, qui avoisinait déjà les 3,3 milliards.

Les experts plébiscitent ainsi un déploiement plus efficace du nucléaire, pilier de la stratégie gouvernementale.

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