Afin de sortir l’hydroélectricité française de la stagnation actuelle, EDF souhaite qu’on lui restitue la propriété des barrages qui sont actuellement en concession.

EDF tente de poser ses premières digues pour faire face à la concurrence sur ses barrages.

Les barrages hydrauliques français au cœur d’un contentieux entre Paris et Bruxelles. Pour débloquer pleinement le potentiel de cette source d’énergie renouvelable dans le pays, une solution doit être trouvée pour régler le litige entre la France et la Commission européenne concernant l’ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques français. Selon les informations des Échos, EDF a une idée : passer d’un système de concessions à un système d’autorisations d’exploitation.

Un enjeu majeur sur le marché de l’énergie verte

Selon le ministère de la Transition écologique, en France, en 2021, 12 % de la production électrique annuelle provenait des barrages hydroélectriques. Il s’agit de la première énergie renouvelable dans l’hexagone. Cependant, cette source d’énergie pourrait générer encore plus d’électricité, ou même servir de système de stockage pour l’énergie produite par les parcs éoliens et les installations solaires.

EDF, qui représente 70 % de la production hydroélectrique française, pourrait augmenter ses capacités de près de 3 GW – soit une hausse de 10 % de sa capacité installée (environ 26 GW) – simplement en modernisant les installations existantes.

De plus, des opportunités économiques pourraient venir d’autres acteurs du marché, tels que la Société Hydro-Électrique du Midi (SHEM), la Compagnie nationale du Rhône (CNR), ou parmi de nombreux aspirants à entrer sur le marché français.

Une opération possiblement juteuse pour EDF, mais qui fait débat

Cependant, à cause du litige entre la France et la Commission européenne, ces améliorations ne se réalisent pas. Suite à des mises en demeure de Bruxelles en 2015 et 2019 pour ouvrir à la concurrence les concessions d’exploitation des barrages expirées, la France a choisi le statu quo : pas d’ouverture à la concurrence ni de nouveaux investissements dans ces structures…

À l’heure actuelle, 38 concessions restent en exploitation dans le cadre de “délais glissants”. Cependant, cette situation inquiète de plus en plus la Cour des comptes, craignant une dégradation de l’entretien du parc hydroélectrique.

EDF s’est ainsi prononcé et aspire à devenir le propriétaire des actifs hydroélectriques, actuellement détenus par l’État, afin de pouvoir les exploiter librement et sans devoir transformer sa structure pour se conformer aux directives de Bruxelles, comme expliqué dans Les Échos.

Cette démarche lui permettrait de continuer à gérer ses barrages sans la nécessité de créer une entité distincte dédiée à leur gestion au nom de l’État. Cette opération permettrait au groupe public de renflouer la caisse : la dette de la compagnie s’élève à ce jour à plus de 65 milliards d’euros. Malgré le fait d’avoir enregistré la grande majorité des nouveaux abonnements d’électricité en 2022, l’entreprise française a donc besoin de regarnir son portefeuille.

Deux acteurs principaux montrent leur réticence : les députés et les concurrents d’EDF. Les premiers affichent une vigilance accrue envers la possession de ces installations, notamment dans le cadre de l’augmentation des arbitrages liés à la gestion de l’eau. Les deuxièmes voient cette option prise par EDF comme un signe défavorable pour les investisseurs. EDF est déjà en possession du nucléaire français, des barrages hydroélectriques et d’une grande partie de l’éolien offshore : fin mars 2023, l’entreprise remportait l’appel d’offre pour le plus grand projet de parc éolien offshore au large des côtes normandes.

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