EDF s’apprête à enclencher la première réaction en chaîne de son réacteur EPR sur le site de Flamanville. Les premiers mégawatts sont attendus cet été en Normandie.
Une étape symbolique après 17 ans d’attente. Le 57ᵉ réacteur français va bientôt être mis en marche par EDF sur le site de Flamanville. Un événement qui n’avait pas eu lieu depuis plus d’un quart de siècle.
Des travaux difficiles
Retard, coûts supplémentaires, déboires en tout genre… Le chantier de Flamanville est enfin terminé après plus de 17 ans de travaux, et EDF est prêt à lancer l’EPR de son site nucléaire.
Grégory Heinfling, chef d’exploitation de Flamanville 3 explique ainsi, cité par l’AFP : "On est dans la dernière ligne droite des essais préalables à cette étape très importante de la divergence.
” Le réacteur est en voie de devenir le plus puissant du pays, avec une puissance de 1600 MW. 800 salariés devraient travailler sur le site, dont 200 employés de sous-traitants.
EDF préfère toutefois faire preuve de prudence quant à la date de l'opération visant à initier la première réaction de fission nucléaire en chaîne dans le cœur de "Fla3." Néanmoins, il ne serait désormais plus question que de "jours
" ou de "semaines.
".
Au cœur du réacteur
À ce stade, bien que le réacteur sous son dôme de 50 mètres de diamètre ne génère pas encore d'électricité, "son cœur commence à battre", indique EDF. "C'est le moment où le réacteur prend vie
", signale Alain Morvan, directeur du projet Flamanville 3.
"Les essais à froid sont terminés et maintenant, nous effectuons des essais à chaud en portant le réacteur à 155 bars et à 303 degrés, la température nominale, avant la divergence
", poursuit le chef du projet. Pour lancer cette phase, EDF devra obtenir l'approbation de l'ASN, le régulateur français de la sûreté nucléaire.
"Le but de la divergence n'est pas simplement d'appuyer sur un bouton, mais c'est de mettre l'ensemble du réacteur dans des conditions physiques permettant d'atteindre la réaction de fission
", explique enfin François Tronet, formateur à Flamanville.
Des équipes prêtes
Les équipes de conduite, opérant en rotations de 3x8, ont déjà répété cette opération dans un simulateur, copie conforme de la salle de commande entièrement numérisée - une nouveauté des EPR - avec son mur d'écrans montrant les entrailles du réacteur. "Chaque équipe de quart a joué au moins deux ou trois fois ce scénario
", affirme Grégory Heinfling.
La première réaction nucléaire se produit lorsqu'un neutron frappe un noyau d'uranium, libérant une grande quantité d'énergie ainsi que d'autres neutrons, qui déclencheront à leur tour d'autres réactions nucléaires.
Le jour J, les opérateurs dans la salle de commande entendront plusieurs "toc-toc-toc", une aide sonore pour les guider dans le processus.
Pour initier cette réaction en chaîne de façon progressive et contrôlée, et permettre la libération des neutrons, ils devront soulever les grappes de commande centimètre par centimètre. Ce mécanisme, en forme de tiges, permet de contrôler la puissance du réacteur.
"Chaque toc qu'on entend représente 1 000 neutrons qui viennent toucher le détecteur
", explique François Tronet.
Feu vert de l’ASN
Depuis le 7 mai, après avoir reçu l'approbation de l'ASN pour la mise en service de cet EPR, EDF a franchi plusieurs étapes cruciales et réalisé de nombreux tests et vérifications, 12 ans après la date initialement prévue.
Suite au chargement des 60 000 crayons de combustible dans la cuve, EDF a testé le bon fonctionnement des 89 grappes de commande, essentielles pour contrôler la réaction nucléaire et arrêter le réacteur en cas d'urgence.
Selon EDF, le réacteur commencera à envoyer ses premiers électrons sur les lignes à haute tension d'ici la fin de l'été, après avoir atteint 25 % de sa puissance, condition nécessaire pour le raccordement au réseau, appelé "couplage". Ce sera alors au tour de l'imposante turbine Arabelle, longue de 70 mètres et pesant 1 200 tonnes, de se mettre en action. Lors du "couplage", cette turbine, actuellement en attente dans la salle des machines, tournera à 1 500 tours/minute pour produire de l'électricité, grâce à la vapeur générée par la chaleur du réacteur.
Il faudra encore attendre pour atteindre la pleine production à 100 %, prévue pour alimenter 3 millions de foyers, une étape qu'EDF, qui multiplie les projets, promet d'atteindre d'ici la fin de l'année.
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