Alors que le financement des réacteurs EPR2 est toujours discuté, EDF a déjà passé commande des générateurs de vapeur et des cuves nécessaires au développement de son parc nucléaire. 8 milliards d’euros sont impliqués dans ce contrat historique avec la filiale du groupe, Framatome.

8 milliards d’euros. C’est la somme colossale que vient d’investir EDF dans la commande des pièces majeures de son nouveau projet nucléaire. Alors que le plan de financement est encore discuté, le groupe a annoncé en interne le contrat passé avec sa filiale Framatome, qui lui fournira six cuves, ainsi que des générateurs de vapeur et des pressuriseurs, nécessaires à la construction de ses réacteurs EPR2 des sites de Penly, Gravelines et du Bugey.

Une commande historique

Un projet hors norme est dans les rouages. Pesant plusieurs centaines de tonnes, les matériaux commandés par EDF constitueront le noyau des chaudières nucléaires des sites de Penly, Gravelines, et du Bugey. Les cuves permettront d’accueillir les crayons d’uranium, et les générateurs de vapeur produiront l’électricité qui sera ensuite injectée dans le réseau.

La commande de ces équipements signe donc l’accélération du projet d’EDF, qui fait pourtant encore débat. Ce projet d’ampleur rappelle les commandes du siècle passé, alors que le nucléaire était en plein essor en France. Alexandre Crétiaux, délégué Syndical Central CFDT cité par les Échos, explique ainsi : “Ce contrat est historique et donne de la visibilité aux usines de Framatome pour vingt ans, on retrouve ce qu’on a connu dans les années 1980.

Il juge aussi que cet investissement massif est un indicateur important pour le secteur, et qu’il “doit permettre à la supply chain d’engager à son tour des investissements et des recrutements massifs.” C’est toute l’industrie qui devrait donc se métamorphoser avec le projet, dans la lignée des mesures énergétiques prises par le gouvernement.

L’accélération des opérations

La fabrication des générateurs de vapeur est prévue dès le mois de mai sur le site de production de Framatome, situé à Saint-Marcel. Les cuves, quant à elles, commenceront à être construites début novembre. C’est le site du Creusot qui devrait être privilégié, parce qu’il est dédié à la forge des matériaux. Une bonne nouvelle pour la filiale.

Framatome a signé un autre contrat d’importance majeure avec EDF : le groupe a en effet officialisé la commande de deux chaudières nucléaires pour son site britannique de Sizewell à l’équipementier les semaines passées. Une accélération étonnante, alors que cinq réacteurs ont dû être suspendus la semaine passée.

En attente de l’accord d’un gouvernement britannique

4 milliards d’euros. C’est le montant engagé dans le projet nucléaire mené par EDF au Royaume-Unis. La somme comprend l’investissement passé avec Framatome, mais aussi la réalisation du contrôle des commandes, le prix du combustible et les services de maintenance.

Or, le groupe Français n’a pas signé la commande définitive de la centrale avec le gouvernement britannique. Un fait qui peut étonner, quand on considère la somme colossale injectée dans le projet. EDF justifie cette décision par un besoin d’anticipation : la construction des dispositifs est très longue, et pour le projet EPR2 Framatome avait commencé la fabrication des pièces en amont, accélérant, entre autres, ses recrutements. La signature officielle permet donc essentiellement de fixer l’investissement.

Un investissement sur fonds propres colossal

EDF finance ce contrat sur fonds propres. En effet, le programme de financement du projet EPR2 et la participation de l’État cesseront d’ici à la fin 2024. Il ne s’agit pas d’une nouveauté pour le groupe, qui est contraint de soutenir tous ces contrats de cette façon, mais les montants investis en fonds propres sont impressionnants.

Le PDG d’EDF Luc Rémont a ainsi souligné, lors de son audition au sénat les semaines passées : “À ce jour, nous avons engagé un peu moins de 2 milliards d’euros, des fonds propres, sur la préparation.” Or, cette somme est vouée à grimper : à la fin de l’année, elle devrait avoisiner les 3 milliards d’euros. Chaque année, le groupe investit 15 millions d’euros dans ses projets, permettant notamment l’accélération de la transition énergétique.

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