La ville de Saint-Joachim est en train de mettre en place des panneaux photovoltaïques au-dessus de son cimetière. Les dispositifs pourront fournir de l’énergie aux habitants, via un programme énergétique communautaire.

5 euros. C’est le prix d’adhésion au programme énergétique communautaire de Saint-Joachim. Mais la source d’énergie est insolite : la municipalité a accepté l’installation de panneaux solaires au-dessus de son cimetière. Une mesure qui permet de protéger les tombes des intempéries liées au site marécageux.

Saint-Joachim : une ville à la pointe des énergies renouvelables

Située au milieu du marais de Brière, tourbière du nord de l’estuaire de la Loire, Saint-Joachim exploite les énergies renouvelables depuis 2012. Des panneaux photovoltaïques ont été installés sur les toits municipaux dès cette année, tandis que les initiatives locales dans ce type d’électricité se multiplient partout dans l’hexagone.

Or, le cimetière pose un certain nombre de problèmes à la ville : trop proche de la mer, il est régulièrement inondé en hiver. Le maire de la ville a ainsi soumis aux proches des personnes enterrées l’idée de recouvrir le site pour éviter qu’il ne soit submergé par les marées et l’eau de pluie. L’été se caractérisant par sa sécheresse, l’idée de réutiliser l’eau pour arroser les espaces verts – et notamment le club de sport voisin – a été émise.

Dernière étape du projet : les panneaux solaires, qui permettent d’optimiser la place proposée par site, tout en le recouvrant. Une utilisation pour le moins innovante de l’espace, qui rappelle l’affection des Français pour le renouvelable .

Proposée en 2021, l’initiative permettra d’offrir une électricité communautaire aux habitants.

Une source d’électricité communautaire

Participant d’un projet atypique, les panneaux solaires seront disposés sur un auvent qui aura une capacité de 1,3 MW. Or, il n’y a pas que l’emplacement des dispositifs photovoltaïques qui détonne : la manière dont l’énergie sera répartie est elle aussi singulière.

Éric Broquaire, habitant de la ville et président de l’association Brier’énergie a été séduit par la portée communautaire du projet. Il déclare ainsi à Euronews Green :“Pour moi, c’était très intéressant d’avoir un projet commun.” C’est cet aspect qui l’a poussé à soutenir l’initiative.

Le déploiement de dispositifs énergétiques suppose d’ordinaire une démarche verticale, qui n’inclut pas les habitants. Néanmoins, la démarche de la ville de Saint-Joachim intègre pleinement les citoyens, qui participent activement à la construction du projet. Les Briérons ont été consultés via un courrier : il en ressort que 97% des résidents sont favorables au développement des panneaux solaires au-dessus du cimetière.

Sur 4000 habitants, 420 ont même partagé leur désir de s’impliquer activement. Après avoir versé un droit d’entrée de 5 euros, ils pourront prendre part à la production d’énergie, après la construction des installations.

Éric Broquaire espère que les autres habitants suivront le mouvement, et s’inscriront une fois le dispositif mis en place. Le week-end du 18 mars, une maquette a été installée sur une parcelle de 180 mètres carrés du cimetière : le prototype a permis aux résidents de comprendre à quoi devrait ressembler le projet final.

Le fonctionnement du cimetière solaire communal

Reste à savoir comment fonctionnera ce curieux projet. Éric Broquaire souligne le caractère inédit d’un système communautaire de si grande ampleur : “En France, nous n’avons jamais réalisé de projet de partage de l’électricité avec une telle quantité de personnes.” D’ordinaire, ce genre d’initiatives permet de répondre aux besoins d’une dizaine de personnes.

Or, le dispositif inclurait un nombre bien plus conséquent de personnes : “Ici, ce sera la première fois que nous partageons l’électricité sans payer avec plus de 1000 personnes.”, souligne Éric Broquaire.
Ainsi, 1000 connexions au système électrique permettent de desservir 2000 personnes, avec un foyer moyen de deux personnes dans la municipalité.

L’énergie solaire pourrait donc répondre à l’entièreté des besoins des foyers les plus proches. 20% de la ville, soit 800 personnes, seraient enfin couvertes par le réseau.

La question du partage équitable de cette nouvelle source d’énergie se pose néanmoins : il faut mettre en place une nouvelle méthode, grâce à un algorithme conçu pour le projet. Éric Broquaire explique en effet que “physiquement, il n’est pas possible de répartir l’électricité individuellement.

À la place, des relevés d’une durée de 30 minutes seront réalisés auprès des riverains et de la canopée. Les données, recueillies par Enedis, serviront à calculer les déductions dues aux participants à la fin de chaque mois.

Brier’énergie a estimé une économie de 150 à 250 euros sur la facture annuelle d’énergie des ménages.

Il s’agissait donc de construire le système le plus équitable possible, afin que personne ne dise “pourquoi je n’ai pas d’électricité gratuite. Tout le monde, même les entreprises, aura le même niveau”, explique Éric Broquaire.

Ainsi, la boulangerie et le coiffeur locaux recevront la même quantité d’énergie que le grand supermarché.

Adapter les dispositifs au cimetière

Le président de l’association admet qu’il est compréhensible que certaines personnes soient dérangées par l’idée d’utiliser le cimetière pour implanter des dispositifs photovoltaïques. Il signale néanmoins qu’il ne s’agit pas là de l’objectif principal.

En effet, le problème récurrent des inondations et des fortes pluies, qui rend l’accès à certaines tombes difficile, est au cœur des préoccupations des habitants. Or, les panneaux solaires permettraient de couvrir une partie du cimetière.

La maquette architecturale a été pensée pour optimiser l’espace, protéger le cimetière, et respecter les tombes des proches des habitants. L’auvent sera donc semi-transparent pour laisser passer la lumière, grâce à l’utilisation de panneaux solaires spécifiques.

Éric Broquaire révèle ainsi “Je pense que c’est une belle idée, qui pourrait être reproduite ailleurs. Il s’agit soit de réunir des habitants de la ville pour construire le projet ensemble, soit de fournir de l’électricité gratuite aux citoyens et de commencer à devenir autosuffisants.citation

Les travaux sont entièrement pris en charge par la municipalité, et s’élèvent à 3,5 millions d’euros. Une hausse de 7% de l’impôt foncier l’année passée a permis de financer le projet.

Le cimetière devrait être en mesure de produire de l’électricité – propre, et peu chère – à partir de l’été 2025. Une initiative qui rappelle l’engagement croissant de la France envers le solaire.

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