Quelques éléments de contexte

La guerre en Ukraine a lourdement entaché les relations diplomatiques entre la Russie et les pays occidentaux. Bien entendu, leurs relations commerciales sont également compromises, car elles constituent un levier de sanctions dont les conséquences pourraient être lourdes pour les entreprises et le pouvoir d’achat.

Au sein de ces mesures, les importations d’énergie sont largement visées car un embargo aurait de fortes répercussions sur les finances russes. En effet, comme l’indique cet article, représentant près de 80% de ses exportations gazières et 60% de ses exportations de pétrole, l’Europe est la première cliente des exploitations de gaz russe.

Néanmoins, cette dépendance est mutuelle. Comme l’indique le Figaro, la Russie fournit à l’Europe 30% de sa consommation de pétrole et 40% de son gaz naturel. Il est donc difficile d’envisager un embargo net et immédiat, tel que l’ont fait les États-Unis, qui interdisent toute importation de gaz et de pétrole russe.

Bon à savoir

Les hydrocarbures russes ne représentaient pas plus de 8% des importations américaines.

Quels candidats sont opposés à un embargo sur les hydrocarbures russes ?

La majorité des candidats sont défavorables à un embargo, le principal argument étant que cela risquerait d’avoir des conséquences extrêmement néfastes sur le pouvoir d’achat des Français, en faisant monter en flèche le coût de l’énergie.

Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)

La porte-parole du mouvement Lutte Ouvrière est résolument contre l’adoption d’un embargo. Elle explique en effet, dans une interview accordée à BFM TV (en replay sur cette page), que des sanctions “vont faire souffrir des femmes et des hommes qui n’ont rien demandé” et qu’elles “sont la meilleure façon de souder la population russe derrière Poutine”.

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)

La Président de Debout la France déplore, dans une interview accordée à la radio RTL, des sanctions qui isolent l’Europe et rapprochent la Russie de la Chine. Pour lui, l’Ukraine ne peut pas intégrer l’Union européenne et l’OTAN, tandis que l’Union européenne et la Russie devront collaborer pour “affronter le monde”.

Marine Le Pen (Rassemblement National)

La présidente du Rassemblement National est fermement opposée à l’adoption de sanctions envers la Russie car elle considère que cela représente un danger pour notre économie et le pouvoir d’achat des Français. Pour elle, cela équivaudrait à se faire “hara-kiri”.

Dans l’émission 4V de France 2, elle préconise ainsi des sanctions “qui ne soient pas des sanctions contre le pouvoir d’achat des Français et contre notre activité économique”. Pour Marine Le Pen, la priorité est d’organiser la sortie de notre dépendance au gaz russe, sortie qui passerait notamment par la réhabilitation du nucléaire.

Pour elle, la fermeture des centrales était une “erreur stratégique majeure” des mandats de François Hollande et Emmanuel Macron.

Eric Zemmour (Reconquête!)

Eric Zemmour partage l’opinion de sa consoeur d’extrême-droite quant à la pertinence d’un embargo, considérant que les Français seraient des victimes collatérales de ces sanctions.

Lors de son meeting à Chambéry, fin février, il a ainsi fait part aux Français de ses craintes de voir les prix des hydrocarbures et des céréales exploser, menant à une “deuxième guerre froide”.

Le président de Reconquête! est également en faveur d’une réhabilitation du nucléaire, et explique qu’il s’agirait de l’une de ses priorités s’il était élu.

Quels candidats sont en faveur d’un embargo ?

Les candidats à la présidentielle militant pour l’adoption d’un embargo sur les importations d’hydrocarbures russes sont minoritaires : il s’agit de la candidate PS Anne Hidalgo, du candidat EELV Yannick Jadot et du candidat NPA Philippe Poutou.

Anne Hidalgo (Parti Socialiste)

Anne Hidalgo plaide largement en faveur de cet embargo. Comme elle l’explique dans cet article, il représente pour elle la seule manière de riposter efficacement à l’invasion russe et de se montrer “du côté des démocraties”.

En parallèle, afin de limiter l’impact de ces mesures sur le pouvoir d’achat des Français, la candidate socialiste demande :

  • des mesures sociales : blocage des prix de l’énergie, baisse de la TVA sur l’essence à 5,5%, plafonnement des prix à la pompe hors taxes
  • l’importation d’hydrocarbures auprès d’autres pays comme l’Algérie
  • le développement de la production d’énergies renouvelables en Europe
    Yannick Jadot (Europe Écologie les Verts)

Yannick Jadot (Europe Écologie les Verts)

De même que son homologue socialiste, Yannick Jadot souhaite un embargo total des importations d’hydrocarbures russes.

Pour lui, il s’agit d’une opportunité de sortir de la dépendance envers les énergies fossiles, d’apprendre à faire preuve de sobriété énergétique et développer massivement les énergies renouvelables en Europe.

Pour compenser les conséquences économiques des mesures sur le pouvoir d’achat des Français, il propose dans une interview sur la radio Europe 1 la mise en place :

  • d’un chèque énergie de 400 euros des ménages en difficulté
  • d’un chèque de 100 euros pour les ménages de la classe moyenne et
  • d’une prise en charge par les entreprises de 1000 € de carburant pour les salariés qui recourent au covoiturage.

Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste)

Philippe Poutou ne s’est pas spécifiquement prononcé sur la question d’un embargo sur les hydrocarbures russes. En revanche, dans cette interview accordée à Franceinfo le 28 mars, il se positionne de manière favorable aux boycotts dans leur ensemble.

Il estime en effet inconcevable que l’on laisse le choix aux entreprises de boycotter ou non la Russie et de continuer à faire du profit dans une telle situation.

Quels candidats ne se prononcent pas de manière tranchée ?

Enfin, quelques candidats n’ont pas exprimé d’avis tranché sur la question de l’embargo.

Jean Lassalle (Résistons !)

Jean Lassalle, dans l’émission “Élysée 2022”, dit qu’il faut sanctionner la Russie “autant que faire se peut”. Cependant, il ne parle pas d’embargo sur les énergies russes, considérant que “nous ne sommes pas prêts” pour faire face efficacement à cette situation.

Valérie Pécresse (Les Républicains)

Valérie Pécresse adopte elle aussi une position nuancée. Pour elle, il est indispensable d’adopter des sanctions très sévères mais tout en restant aligné avec la réalité du terrain. Il faut donc diminuer nos importations d’hydrocarbures russes, mais il est impossible de tenir dans la durée un embargo total.

La candidate LR propose de déconnecter temporairement les prix de l’électricité français des tarifs européens, alignés sur ceux du gaz, afin de limiter l’impact de la réduction des importations sur le pouvoir d’achat des Français.

Emmanuel Macron (En Marche)

Enfin, en tant que président sortant, la position d’Emmanuel Macron sur le sujet est forcément délicate car il est en première ligne des pourparlers.

Si l’Élysée exclut pour l’instant l’idée d’un embargo, il est en revanche question d’aller “de manière progressive vers une diminution de nos approvisionnements au point que cela affaiblisse la Russie” selon le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.

Emmanuel Macron a cependant annoncé dès le début du conflit que “rien n’est interdit, rien n’est tabou”. Il n’est donc pas exclu que les sanctions soient durcies prochainement.

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