Boris Johnson pour le Brexit... Mais qu’en est-il pour le climat ?
L’actualité au Royaume-Uni est bercée par le Brexit depuis maintenant 3 ans. Après un vote en faveur de la sortie du pays de l’Union Européenne en 2016, Theresa May a peiné pour trouver une solution et orchestrer cette sortie. Elle a donc cédé sa place à Boris Johnson, chef de file bien connu du Brexit.
Si l’on connaît la position du nouveau Premier ministre britannique sur ce sujet, à savoir une sortie d’ici le 31 octobre 2019, sans aucune condition si un accord n’arrive pas à être trouvé, la question de savoir quels impacts son élection aura sur le climat est beaucoup moins posée.
Souvent présenté comme le “Donald Trump” anglais, Boris Johnson pourrait alors aussi être qualifié de climato-sceptique, en plus de “provocateur”, de “menteur” et “d’opportuniste”. Mais qu’en est-il réellement ? Si Boris Johnson ne s’est pas encore prononcé sur les différentes mesures qu’il mettra en place pour la planète (une absence de positionnement qui peut déjà sembler inquiétante), ce que l’on sait, c’est qu’il est très proche de sphères climato-sceptiques au Royaume-Uni. Sa campagne a d’ailleurs été en partie financée par Terence Mordaunt, le directeur du Global Warming Policy Forum, qui représente le principal groupe de négation de la science du climat et du changement climatique au Royaume-Uni.
Il a également loué Piers Corbyn dans quelques-unes de ses chroniques au Daily Telegraph, qui est un négationniste du changement climatique. Plus récemment, en septembre 2018, il s’est d’ailleurs rendu aux Etats-Unis pour participer à un groupe de réflexion sur le marché libre, organisé par l’Americain Enterprise Institute, et financé par Koch industries, un regroupement d’entreprises qui opèrent dans le secteur de la pétrochimie, et qui fait régulièrement pression contre les mesures climatiques aux Etats-Unis.
Paradoxalement, Boris Johnson a également pu faire quelques déclarations allant dans le sens de l’environnement pendant ses précédents mandats. Et c’est là toute l'ambiguïté du personnage, qui change régulièrement d’avis sur ses déclarations. Il s’était par exemple prononcé favorable à un Londres neutre en carbone d’ici 2050.
Le saviez-vous ?
Si Boris Johnson a pu se positionner en faveur de l'environnement sur certains sujets pendant son mandat à la mairie de Londres, il vote souvent contre les mesures pour l'environnement proposées au parlement, quand il n'est pas absent au moment du vote.
La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, qui rappelons-le, est à l’origine de 80% de la législation des États membres en faveur de l’environnement, et l’absence de positionnement concernant sa politique environnementale risque néanmoins de faire grincer des dents les défenseurs de la cause climatique au Royaume-Uni.
Un opportuniste adepte des “fake news”
Mais il n’y a pas que son positionnement sur le climat qui est paradoxal. En réalité, le personnage même de Boris Johnson est fait de paradoxes : alors qu’il est dépeint comme le nouveau Donald Trump du Royaume-Uni, Boris Johnson semble en réalité plutôt être un opportuniste, et change de position sur de nombreux sujets en fonction de ses objectifs électoraux.
Chauvin, exagérateur, désormais fervent défenseur du Brexit et d’une sortie sans aucune condition, certaines images de presse le présentent pourtant en 2013 en train de promouvoir le marché unique et de vanter les avantages de l’Union Européenne. Ce n’est qu’en février 2016 que Boris Johnson change de camp à l’annonce du référendum, avec sa phrase culte “reprendre le contrôle”. Il promet alors à ses électeurs de négocier un meilleur accord entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, en faveur des gens du pays.
Mais si ses grandes études (Oxford et Eton), et sa position d’ancien journaliste au Daily Telegraph lui dessinent un profil d’intellectuel, la comparaison avec Donald Trump n’est pas sans raison : bien que fervent défenseur du libéralisme économique, contrairement à son homologue américain, celui qui est ironiquement appelé par la presse “BoJo le clown” reste un adepte des dérapages et de la “bouffonade”. Alors qu’il peut inspirer la sympathie dans certaines de ses interventions télévisées où il cherche à faire rire la galerie, il multiplie également les commentaires racistes, homophobes ou encore sexistes.
Dans ses chroniques au Daily Telegraph, il tient régulièrement des propos racistes ou homophobes. Son élection à la mairie de Londres reprenait pourtant les idées du libéralisme social de gauche, et était notamment basée sur le symbole du mariage gay.
Enfin, comme son homologue américain, Boris Johnson est également un adepte des “fake news”. Il lance régulièrement de fausses informations à la volée pour soutenir ses propos, comme le commentaire sur l’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne, qu’il niera ensuite avoir prononcé à l’issue du référendum du Brexit. Le mensonge qu'il avait inscrit sur son bus de campagne concernant les "350 millions de livres" que verse le Royaume-Uni à l'Union Européenne toutes les semaines en est encore un autre exemple.
Quelles sont les premières promesses de son mandat ?
La première promesse de Boris Johnson pour l’avenir du Royaume-Uni concerne bien évidemment le Brexit. C’est d’ailleurs la raison principale de sa nomination au poste de Premier ministre, puisque sa prédécesseure Theresa May quitte le gouvernement sur cet échec.
Sur ce point, il promet une sortie avant le 31 octobre 2019, avec la menace du “no-deal” si aucun accord n’arrive à être trouvé pour sortir de l’Union Européenne et si Bruxelles n’améliore pas les conditions proposées actuellement. Pour contrebalancer la sortie de l’Union Européenne sur le plan économique, il prévoit d'accélérer les échanges avec les Etats-Unis. Il décrit d’ailleurs le Brexit comme étant une “opportunité économique” pour le Royaume-Uni, et parle déjà d'un accord de libre-échange entre les deux pays.
Il promet également de renforcer les pouvoirs des collectivités locales, et d'améliorer les transports et les infrastructures de télécommunication. Mais puisqu'il est toujours en train de retourner sa veste, reste à savoir s'il ne changera pas encore d’avis avant de mettre son programme en place !
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