Une baisse historique de la consommation de charbon dans le monde
Comme le souligne le rapport annuel de BP, accessible ici, la consommation de charbon vient d’enregistrer une baisse record dans le monde. En effet, rien qu’aux États-Unis, la consommation de charbon a diminué de 18 % en 2019. D’après l’enquête du Rhodium Group, consultable via ce lien, cela aurait engendré une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 2,1 %.
Si la consommation de charbon reculait déjà l’an dernier, le phénomène s’est amplifié avec le confinement permettant d’accélérer considérablement la baisse de la demande.
🇪🇺70 ans après la création de la #ceca, l'#UE projette de devenir, d’ici 2050, le premier continent #neutre pour le #climat. Tandis que la #consommation de charbon baisse en #Europe, de nombreux pays organisent déjà une sortie progressive du #charbon.👉https://t.co/i7ERRBpbNl pic.twitter.com/iY4MPE9HFN
— Jacques Delors Institute (@DelorsInstitute) May 9, 2020
Au Royaume-Uni, par exemple, le pays s’est passé de ses centrales à charbon pendant deux mois, une “pause” qui n’était pas survenue depuis le … XIXe siècle !
Mais alors, est-ce que cette baisse record est le signal que le virage tant attendu par les écologistes est sur le point de s’amorcer ? Sur le papier, tous les éléments sont là :
- faibles prix du gaz ;
- augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation mondiale ;
- taxes sur l’extraction de charbon ;
- désir de transition énergétique de la part des populations.
Pourtant, il semble qu’il soit encore un peu tôt pour adhérer à l’idée selon laquelle la crise du coronavirus aura au moins servi à accélérer la transition énergétique et l’abandon du charbon.
Peu de changements profonds
S’il y a bien des raisons de se féliciter de cette diminution de la consommation de charbon, il ne faut pas s’en réjouir trop vite. En Europe, de nombreux États membres (France, Italie, Portugal, Irlande, notamment) se sont déjà engagés à sortir du charbon d’ici 2030 (de même que le Royaume-Uni avant le Brexit).
La date butoir approchant à grands pas, il n’y a rien de surprenant à ce que ces États aient pu diminuer (voire stopper) leur consommation de charbon durant le confinement. Dans le même temps, il ne faudrait pas oublier que des pays comme la Chine, l’Indonésie ou la Pologne ont vu leur consommation exploser ces dernières années.
Et finalement, même si la part du charbon dans la consommation énergétique mondiale ne fait que reculer depuis les 6 dernières années, d’autres énergies polluantes prennent le relais (notamment le nucléaire) et les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter.
Vers un confinement tous les 2 ans ?
« Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudrait abaisser d’autant [que pendant le confinement] nos émissions tous les deux ans, pendant les 25 prochaines années » affirme Bernard Looney, Direct Général de BP.
En définitive, si le “monde d’après” semble bel et bien résolu à se passer de charbon, la réticence et les difficultés du secteur de la production énergétique à se convertir rapidement posent problème.
Pour le moment, la baisse historique de la consommation de charbon semble donc plutôt être un heureux concours de circonstances que le départ d’une vraie révolution écologique.
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