Le grand projet de construction d’un barrage hydroélectrique sur le Rhône, connu sous le nom de “Rhônergia” et datant de 1935, a été annulé par les autorités. Initialement prévu à 40 kilomètres de l’agglomération lyonnaise, ce projet ambitieux a finalement été suspendu, comme l’a annoncé la Compagnie Nationale du Rhône.

Presque un siècle plus tard, le projet Rhônergia tombe définitivement à l’eau. Ce projet très controversé a finalement été stoppé par les autorités nationales, comme l’a annoncé le 29 aout dernier la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) dans un communiqué. Prévu initialement entre Loyettes dans l’Ain et Saint-Romain-de-Jalionas dans l’Isère, le barrage ne se fera finalement pas.

Un projet de longue date

Rhônergia a vu le jour en 1935. Après un premier projet avorté en 1980, l’objectif était la finalisation du barrage d’ici à 2033. Plus de 330 millions d’euros ont été estimés pour ce projet faramineux. La CNR prévoyait un barrage-usine avec une retenue d’eau de 22 kilomètres de long afin de ralentir le débit et la puissance du fleuve, ainsi que la construction d’une digue de 4 kilomètres.

Après 19 barrages sur le fleuve, Rhônergia devait être le dernier projet de cette envergure sur le territoire français d’après la CNR. Chaque année, près de 140 gigawattheures aurait été produit par l’installation, couvrant ainsi l’équivalent de besoins énergétiques de plus de 60 000 habitants. Selon la CNR, le barrage aurait pu participer activement à “la lutte contre le changement climatique”, à la baisse des coûts de l’électricité ou encore au renforcement de l’autosuffisance énergétique française.

Des dépenses trop élevées

Réunis dans un collectif, les réfractaires au projet estimaient que les dépenses pour cette construction étaient bien trop élevées, comme annoncé lors d’une consultation publique. Le coût environnemental était également considéré comme astronomique comparé à l’énergie décarbonée que ce barrage aurait pu produire.
Jérôme Grausi, le maire de Saint-Romain-de-Jalionas, la commune ou aurait dû se situer le projet, avait fait de la lutte contre le projet son cheval de bataille. Son objectif : lutter contre l’artificialisation du territoire, et garder la dernière zone non aménagée du Rhône intacte.

Le Rhône est l’un des fleuves les plus dotés en barrages au monde, avec plus de 19 ouvrages répartis le long de son cours.

Sur les 545 km que le Rhône parcourt en France, à peine 25 km restent vierges de toute construction en béton, incluant la zone visée par le projet Rhônergia. Ce projet entrait également en conflit avec les efforts européens pour restaurer l’état écologique du fleuve. En plus, sa réalisation aurait nécessité des expropriations, une mesure souvent mal accueillie.

Les habitants avaient par ailleurs exprimé leurs craintes et leur opposition au projet, tandis que l’ensemble des élus locaux de gauche l’avait vivement critiqué. Ces derniers voient dans son abandon une grande victoire et saluent la forte mobilisation de tous les acteurs concernés.

Bien que Rhônergia ait été considéré comme le dernier grand projet de barrage en France, de nombreux projets plus modestes de mini-centrales hydroélectriques continuent de rencontrer des oppositions, souvent à l’échelle locale. Les lois de programmation pluriannuelle de l’énergie visent à accroître d’environ 60 % la production d’électricité d’origine hydraulique en France, par l’optimisation et la modernisation des infrastructures existantes ainsi que par la construction de nouveaux sites.

Cette expansion est envisagée malgré le fait que l’hydroélectricité soit déjà la deuxième source d’électricité en France, avec une production d’environ 25,7 gigawatts en métropole, juste derrière le nucléaire.

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