40 millions levés par la start-up Enerdigit

Cap sur la FrenchTech. La start-up nantaise Enerdigit vient de lever 40 millions d’euros, dont 20 millions en dettes. Permettant aux industriels d’optimiser la consommation de leurs sites en temps réel, elle entend éviter le recours aux centrales thermiques.

La domination des start-up d’énergie

Les start-up de l’énergie sont dans les starting-blocks en Europe. Selon une analyse de Dealroom, le premier semestre 2024 cumule 5,6 milliards de dollars : il s’agit donc du secteur le plus financé à l’échelle européenne.

La start-up française Enerdigit, spécialisée dans la gestion de la flexibilité électrique pour les industriels, se distingue parmi elles. Elle entend ajuster en temps réel la consommation d’électricité des sites industriels pour équilibrer l’offre et la demande, en particulier lors des pics de consommation, évitant ainsi le recours aux centrales thermiques.

Basée à Nantes et évoluant dans un secteur en plein essor depuis la crise énergétique de 2022, Enerdigit annonce une levée de fonds de 40 millions d’euros, dont 20 millions sous forme de dette. “L’objectif est de financer des projets de stockage par batterie, des projets lourds en capex“, précise Bénédicte Pléau, fondatrice et ingénieure de l’entreprise citée par les Échos.

Détails de l’opération

L’opération comprend également environ 9 millions d’euros, mêlant liquidités et obligations convertibles, obtenus auprès de Ring Capital, de Bpifrance via son fonds France Investissement Energie Environnement 2, et d’Océan Participations. Le reste des fonds provient d’une opération secondaire.

La flexibilité électrique englobe plusieurs aspects : l’effacement, qui consiste à réduire temporairement la consommation électrique et constitue le cœur de métier d’Enerdigit, ainsi que le stockage d’énergie, notamment via des batteries. Ces batteries permettent de stocker et de restituer de l’électricité au réseau selon les besoins, notamment en fonction de la production solaire et éolienne.

Depuis ses débuts, la start-up propose un petit boîtier à installer chez les industriels et une solution logicielle. Le boîtier matériel collecte en temps réel les données de consommation, tandis que le logiciel gère les effacements de consommation sur le réseau électrique. Le modèle économique de la start-up repose sur des contrats annuels avec RTE, financés par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.

Un marché en plein boum

Or, le marché se caractérise par son dynamisme. L’entrepreneuse explique ainsi : “Le secteur était déjà en forte croissance, mais depuis 2022, nous sommes sortis du marché niche à un marché ouvert à tous les industriels.”

Sa société, maintenant rentable, a en effet réalisé un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros en 2023 et vise les 20 millions pour cette année, équipant environ 1.000 sites industriels. La start-up se distingue en ciblant les industriels de petite et moyenne taille, contrairement aux acteurs historiques du secteur.

Bien qu’Enerdigit ait été fondée en 2015, on observe surtout depuis deux ans un boom des start-up dans le domaine de la flexibilité électrique. Le co-fondateur Pierre-Alexis de Vauplane explique ainsi : “Les rapports de RTE ciblent l’effacement électrique pour apporter de la flexibilité dans le réseau. Beaucoup d’investissements vont être faits et c’est encore un marché qui se déchiffre sur le résidentiel et le tertiaire. Beaucoup d’acteurs se développent, start-up comme grands groupes.”

La hausse prévue de la consommation d’électricité en France, combinée à l’essor des énergies renouvelables, stimule le développement de ce type de technologie. L’effacement électrique facilite l’intégration de sources d’énergie renouvelable, telles que l’éolien et le solaire, intermittentes et non contrôlables. L’effacement et le stockage permettent de gérer ces fluctuations en réduisant la demande lorsque la production est insuffisante ou en absorbant l’excédent lorsqu’elle est abondante.