Lors du Forum des énergies renouvelables EnerGaïa, qui s’est tenu à Montpellier les 11 et 12 décembre 2024, Fournisseur Énergie s’est entretenu avec Bénédicte Genthon, directrice adjointe de la Direction Bioéconomie et Énergies Renouvelables à l’ADEME (Agence de la transition écologique). Au cœur de l’échange : le label VertVolt, ses caractéristiques et le rôle clef de l'ADEME dans l’accélération de la transition énergétique. Une occasion de mettre en lumière les ambitions et les actions concrètes portées par l’agence dans un secteur en pleine mutation.
Cette année, 12 offres ont été labellisées VertVolt, tandis que deux offres se sont vu retirer leurs certifications. Pouvez-vous nous détailler les critères utilisés pour attribuer le label ?
L’objectif principal du label VertVolt, c'est de distinguer les offres réellement vertes. C'est un peu le made in France de l'électricité renouvelable, parce qu’aujourd’hui, on a un nombre d'offres dites "vertes" très important, mais ces offres sont souvent qualifiées comme telles grâce aux garanties d'origine, ce qui ne garantit pas forcément une production locale.
Le label VertVolt se décline en deux niveaux : engagé et très engagé. Le niveau "engagé" correspond à une offre où l'achat d'électricité verte est combiné avec un contrat d'achat direct avec des producteurs d’électricité renouvelable en France.
Comment l’ADEME surveille-t-elle les offres labellisées au cours du temps pour s’assurer qu’elles continuent de respecter leurs engagements ?
Nous collaborons avec Afnor Certification pour assurer l’attribution du label aux offres. Des auditeurs vérifient chaque point du cahier des charges lors d’audits annuels des offres. Par ailleurs, au sein de notre gouvernance, un comité de décision examine anonymement toutes les offres et détermine si le label doit être maintenu ou non, en fonction des éventuels écarts au référentiel. Si nécessaire, des demandes de mise en conformité peuvent être faites.
Quelles sont les raisons qui ont conduit au retrait de deux certifications cette année ?
Une des offres n’avait pas d’équilibre avec les garanties d’origine, donc elle ne respectait pas le niveau VertVolt engagé. L’autre cas concernait un problème de communication : une offre était affichée comme très engagée, alors qu’elle était conforme seulement au niveau Engagé.
Ces non-conformités par rapport au référentiel ont conduit le comité décisionnel, piloté par l’ADEME, à décider de retirer les labels. D’autres non-conformités de moindre importance ont fait l’objet d’une correction des écarts par les fournisseurs, dans un temps bien défini, leur ayant permis de garder leur labellisation.
Les critères de certification ont-ils évolué depuis le lancement du label il y a trois ans ?
Oui, nous sommes dans un processus d’amélioration continue. Lors de la journée VertVolt organisée le 27 novembre dernier à l’ADEME, nous avons abordé les évolutions possibles du label. Parmi les améliorations prévues, il y a notamment un contrôle accru de la communication des fournisseurs, tout écart pouvant entraîner un signalement à la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). L’objectif du label VertVolt est en effet de garantir la transparence pour donner de la confiance aux consommateurs, et d’éviter toute forme de greenwashing sur les offres vertes d’électricité.
À l’avenir, le label pourrait-il inclure des exigences supplémentaires, comme des garanties sociales ?
Oui, nous souhaiterions élargir le label à d’autres offres que celles destinées aux particuliers. Il pourrait être intéressant en effet de l’étendre aux offres concernant les collectivités voire les entreprises. Ce label pourrait être intégré dans les cahiers des charges d’appels d'offres afin de stimuler les achats d’électricité verte.
En parallèle, il est important de rappeler que l’électricité a longtemps été perçue comme déconnectée du citoyen. Jusqu’à présent, les consommateurs ne se sentaient pas impliqués dans un geste citoyen lorsqu’ils choisissaient leur offre d’électricité, étant donné que la production était très centralisée.
Dans cette perspective, nous allons bientôt publier un avis grand public sur la flexibilité et le stockage, qui s’inscrit dans cette logique. Nous croyons qu’il est possible d’agir par la consommation, en jouant sur le décalage des usages, la sobriété, la flexibilité, et bien sûr, à travers le label VertVolt.
Constatez-vous des traductions concrètes de l'engagement citoyen depuis le lancement du label ?
Nous constatons une bonne dynamique, avec l’arrivée régulière de nouvelles demandes de labellisation, preuve de l’intérêt grandissant et des implications commerciales possibles. Lorsque nous avons lancé le label, c’était en pleine crise énergétique, ce qui a compliqué la communication initiale.
Il s’agit également de donner du sens à ce choix, permettant au consommateur de comprendre que, si le prix est un peu supérieur, il implique aussi un soutien effectif de producteurs locaux dont certains ont ouvert leur gouvernance ou financent leurs centrales de production, sans aide publique.
Quel message souhaitez-vous transmettre à nos lecteurs au sujet du label VertVolt ?
Je tiens à souligner que la transition énergétique repose en grande partie sur l’implication du consommateur, qui devient un véritable "consom’acteur." Cette démarche englobe à la fois la flexibilité et l’autoconsommation. L’ADEME publiera bientôt un avis consacré à l’autoconsommation individuelle. Ce que je souhaite exprimer, c’est qu’avec les énergies renouvelables, le consommateur a désormais un pouvoir réel pour soutenir la transition énergétique. Choisir VertVolt, c’est opter pour une offre qui contribue activement à accélérer le déploiement des énergies renouvelables en France.
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