Le secteur de l'électricité se montre préoccupé par l'annonce d'une nouvelle taxe sur les installations de production, une mesure évoquée par Bercy dans une lettre adressée au Premier ministre Michel Barnier. L'Union française de l'électricité (UFE) a exprimé son opposition à cette proposition ainsi qu'à la réduction des aides à l'électrification des usages, tels que les véhicules électriques et les pompes à chaleur.
Les professionnels de l’électricité sont en alerte. L’Union française de l’électricité s’oppose fermement à une nouvelle taxe sur les installations de production proposée par Bercy au Premier ministre Michel Barnier, craignant qu’elle ne pénalise l’électrification des usages et n’augmente la facture des consommateurs.
Un impact négatif sur le pouvoir d'achat et le climat
Christine Goubet-Milhaud, présidente de l'UFE, a dénoncé cette mesure en la qualifiant de "contresens pour le pouvoir d'achat des Français et la lutte contre le changement climatique"
. Elle souligne que taxer les installations de production d'électricité, même décarbonées, et réduire les soutiens à l'électrification, pourrait avoir des conséquences néfastes pour l'économie et l'environnement.
Le ministre de l'Économie démissionnaire, Bruno Le Maire, avait évoqué cette taxe sur les "rentes inframarginales"
lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Elle viserait les installations de production supérieures à 260 mégawatts, telles que le nucléaire, l'hydroélectricité, l'éolien et le gaz. Cette taxe, déjà en vigueur depuis la flambée des prix de l'énergie en raison de la guerre en Ukraine, a rapporté 400 millions d'euros en 2022 et devrait encore générer 100 millions en 2024.
Un frein à l'investissement
Les acteurs du secteur critiquent cette initiative, qu'ils jugent néfaste pour les investissements dans les énergies décarbonées. "C'est un impôt de production à base étroite et à taux élevé, qui va distordre les décisions d'investissement"
, s'inquiète un représentant anonyme du secteur. Un autre énergéticien dénonce cette taxe comme un "contre-signal climatique"
, estimant qu'elle freine la transition énergétique.
Une mesure contestée même au sein du gouvernement
Agnès Pannier-Runacher, ancienne ministre de la Transition énergétique, a, elle aussi, exprimé ses réserves. Selon elle, taxer une entreprise publique revient à déplacer des fonds d'un côté à l'autre sans véritable efficacité. "C'est une taxe sur l'énergie décarbonée... Quel est l'intérêt pour le climat ?"
, a-t-elle interrogé lors d'une intervention sur TF1.
Appel à la stabilité pour le secteur
L'UFE demande au gouvernement de garantir une "visibilité et une stabilité" au secteur électrique, essentiel pour atteindre les objectifs de transition énergétique (notamment l’objectif de réduire à 0% l’émission de gaz à effet de serre d’ici à 2050) et assurer la sécurité d'approvisionnement. Selon l'organisation, des décisions de court terme, sans prise en compte des enjeux structurels, risquent de compromettre la souveraineté énergétique de la France et l'indépendance de son approvisionnement en électricité.
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