L’UEFA s’est engagée pour un Euro 2024 de football plus responsable que la Coupe du monde du Qatar d’un point de vue énergétique. Alors que l’événement sportif de 2022 avait levé un vent de colère chez les écologistes et défenseurs des droits humains, la fédération européenne entend faire mieux, et proposer un événement aussi efficace que possible sur le plan de l’alimentation en énergie. Zoom sur la compétition qui aura lieu du 14 juin au 14 juillet en Allemagne.
Alors que les Bleus sont prêts à relever le défi de l’Euro 2024 du 14 juin au 14 juillet et à prendre leur revanche, la question de l’impact énergétique d’une compétition sportive d’une telle envergure fait débat. Stades, transport des équipes, écrans géants, fanzones… Autant d’éléments énergivores, et dont la gestion avait été particulièrement critiquée lors de la Coupe du monde du Qatar. L’UEFA a affirmé son engagement dans la question en partageant une stratégie de durabilité. Mais comment contrebalancer l’impact de l’événement ?
Horizon 2030
“L’union fait la force.
” C’est le nom qu’a donné l’UEFA à sa stratégie de durabilité à l’horizon 2030. Engagée dans la production d’événements sportifs plus responsables d’un point de vue énergétique, l’union a accéléré le déploiement de ses projets en amont de l’Euro 2024, pierre angulaire de son projet de durabilité. Attendue au tournant par les écologistes, qui avaient dénoncé les nombreuses dérives observées au Qatar, l’UEFA compte bien réinventer le football de demain.
L’union a ainsi fait part de son engagement envers les standards ESG, qui mettent au premier plan le respect de l’environnement et des droits humains dans le déploiement des événements : un label vert respect permettra dans la même veine de garantir l’application de pratiques énergétiques viables et durables - notamment dans la question de l’alimentation des stades et des fanzones.
Décarboner le football
Le 6 mars 2024, à Londres, les représentants de l’UEFA ont franchi une étape supplémentaire dans leur engagement énergétique : le lancement d’un calculateur d’empreinte carbone a ainsi été annoncé par les représentants de l’union. Si le dispositif a pour vocation d’être généralisé à toutes les compétitions sportives portées par l’organisation, l’Euro 2024 sera l’événement décisif dans un contexte d'accélération du réchauffement climatique.
Après deux ans de recherche et développement, l’UEFA a lancé ce dispositif qui a pour vocation d’être utilisé en interne comme en externe, et d’offrir une transparence maximale sur l’impact énergétique des événements. La fédération a ainsi fait part de son souhait de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre un bilan carbone nul à l’horizon 2040. Dans cette optique, les utilisateurs pourront, eux aussi, calculer leur empreinte énergétique lors de l’Euro 2024.
L’outil s’appuie sur quatre catégories d’émissions carbone : les mobilités, la consommation d’énergie et d’eau des infrastructures, les biens et services (offre alimentaire, merchandising, équipements etc…) et la logistique.
Laura McAllister, vice-présidente de l’UEFA, a ainsi expliqué : "Le calculateur d’empreinte carbone de l’UEFA symbolise notre objectif de montrer que le football peut faire partie de la solution dans l’effort global visant à réduire les émissions de carbone.
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7 millions pour la compensation carbone
Or, l’Euro est un événement d’une telle ampleur qu’il engendrera nécessairement des émissions carbone incompressibles : pour pallier la consommation énergétique massive de l’événement, l’UEFA a créé un Fonds pour le climat en marge de la compétition, qui permettra notamment de financer les initiatives environnementales des clubs allemands. La Fédération a ainsi levé 7 millions pour soutenir ce projet, que les écologistes taxent déjà de greenwashing.
Alors que l’UEFA a assuré, en janvier, avoir déployé “des efforts majeurs pour réduire l’impact environnemental
" de la compétition, elle a également assumé les émissions inévitables de l’événement, proposant cette alternative de compensation. L’UEFA a ainsi détaillé : "Pour chaque tonne d’émission de CO2 émise dans le cadre de l’Euro 2024, 25€ seront reversés au Fonds pour le climat.
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Les 7 millions d’euros qui seront versés aux clubs allemands pour soutenir des projets environnementaux permettront de couvrir l’émission de 280 000 tonnes de CO2. Lors de l’Euro 2020, le bilan carbone s’était élevé à 450 000 tonnes de CO2, selon les études menées par l’UEFA.
L’énergie au cœur des projets
L’organisation, qui versera le dernier million restant en juillet, a donc expliqué : “Cet investissement important dans des projets qui atténueront les émissions de CO2 à long terme renforcera l’héritage de l’Euro 2024 tant au sein de la communauté du football allemand que pour l’environnement.
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L’initiative de l’UEFA pour compenser l’impact de l’événement rencontre beaucoup de succès auprès des clubs. On décompte plus de 4000 demandes à ce jour, et les données sont parlantes : 75% des projets concernent l’énergie. L’UEFA a ainsi détaillé : "Les initiatives les plus populaires sont l’installation de projecteurs LED (1715), de panneaux solaires photovoltaïques (1321), de batteries domestiques (894), de systèmes d’irrigation intelligents (283) et de pompes à chaleur (278).
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Les initiatives allemandes
Bernd Neuendorf, président de la Fédération allemande de football (DFP) a félicité l’UEFA pour ce projet, qui s’inscrit dans la stratégie ESG de durabilité de la fédération.
Or, les Allemands ne sont pas en reste, et ont fait part de leur souhait d’accompagner de près les projets en soutien à une compétition énergétiquement responsable, alors que le contexte de refonte du Parlement européen met l'accent sur la transition énergétique.
Le président a ainsi déclaré, lors d’une conférence de presse en janvier : “Afin de renforcer l’engagement de l’UEFA en faveur de l’environnement et de la protection du climat, la DFB a déjà lancé en partenariat avec le gouvernement fédéral le projet « Protection du climat dans le football amateur – ensemble sur la voie d’un Euro 2024 respectueux du climat », qui propose aux clubs une variété d’incitations et de soutiens pour leurs mesures en faveur du climat et de l’environnement.
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Télévision, streaming et impact énergétique
Alors que l’engagement de l’UEFA semble laisser présager un Euro 2024 plus responsable, des questions subsistent quant à l’impact énergétique de l’événement, et notamment la place de la télévision et du streaming.
Carbon Trust, un organisme anglais, a ainsi fait part de chiffres édifiants : le visionnage d’un match sur une télévision plasma de 42 pouces est responsable de l’émission de 480 g de CO2. Regarder un match sur une tablette émet entre 60 et 380 grammes d’émissions de CO2e, lorsqu’elle est connectée à un réseau wifi. Les matchs regardés en streaming sont, eux aussi, particulièrement énergivores, en raison de l’effort fourni par les data centers pour la retransmission.
Ramenés au nombre impressionnant de téléspectateurs d’un événement de l’envergure de l’Euro, ces chiffres suggèrent l’impact énergétique monstrueux de la diffusion. Reste à savoir si la diffusion est plus énergivore que le déplacement physique des spectateurs. Des études continuent d'être menées en ce sens, et l'UEFA mise sur la compensation carbone dans sa stratégie de durabilité pour proposer une protection environnementale aussi efficace que possible.
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