Bercy a réuni, vendredi 19 avril, la direction d’EDF et les délégations industrielles. Le cabinet de Roland Lescure indique qu’il leur a été demandé “d’accélérer leurs efforts pour trouver un terrain d’entente.
” Dans un mois, les acteurs feront un point sur l’accord définissant les conditions de vente du nucléaire.
EDF et les industriels sous tension. Conviés par le cabinet de Roland Lescure, Ministre délégué à l’Industrie et à l’Énergie, ils ont été enjoints de trouver un accord rapidement, pour favoriser la signature de contrats d’allocation de capacité de production nucléaire. Ces textes de très long terme protégeraient la France contre une future crise énergétique.
Mettre fin à l’attentisme
Bercy fait pression sur la direction d’EDF et sur les industriels dont l’activité requiert des quantités massives d’électricité. Fin mars, le ministère de l’Économie leur avait déjà communiqué son souhait de voir se développer les contrats d’approvisionnement à long terme, pour anticiper une potentielle crise énergétique.
Mais l’attentisme avait prédominé parmi les acteurs du secteur : les discussions - particulièrement difficiles - n’ont abouti à aucun accord, poussant Roland Lescure à prendre les devants.
Vendredi 19 avril, le directeur exécutif d’EDF, Marc Benayoun, et les représentants des fédérations industrielles (UNIDEN, UIMM, METI, France Industrie, France chimie…) ont été réunis autour de la table du Ministre de l’Industrie pendant une heure et demi. Le cabinet de Roland Lescure a ainsi déclaré que “le Ministre a demandé à EDF et aux industriels d’accélérer leurs efforts pour trouver un terrain d’entente sur leur négociation commerciale portant sur l’approvisionnement en électricité à long terme.
”
Le développement de contrats à long terme est néanmoins nécessaire dans un contexte de disparition de l’Arenh, tarif préférentiel dont bénéficie les industriels, et de réforme du système électrique européen, qui met l’accent sur la protection des consommateurs dans leur accès à l’électricité.
Évaluer l’efficacité d’EDF
Il s’agissait de la première réunion depuis l’accord trouvé entre EDF et l’exécutif en novembre dernier, au sujet du prix de vente de l’électricité nucléaire à partir de 2026. Or, les discussions semblent s’enliser, et le temps presse pour Bercy.
Afin de s’assurer des efforts de chacun, Roland Lescure a chargé Philippe Darmayan, ancien président d’ArcelorMittal et Julien Janes, ancien directeur à la Commission de régulation de l’énergie, d’une mission d’évaluation d’EDF et des gros industriels.
L’efficacité d’EDF dans la signature des contrats a été questionnée à la table de négociation : le cabinet du ministre a souligné que “depuis la signature de l’accord avec l’État, seules trois lettres d’intention ont été signées entre EDF et les géants de l’industrie française.
” Si EDF se félicite de la signature récente avec GravitHy, les efforts doivent être poursuivis.
Il s’agira donc pour Julien Janes et Philippe Darmayan d’évaluer “l’efficacité de la politique commerciale d’EDF au regard des objectifs de protection, stabilité et de prévisibilité des factures”, et ses conséquences sur “la compétitivité industrielle française.
” Un rapport sera remis courant juin au cabinet du ministre.
Donner de la visibilité aux industriels
Les contrats à long terme ont pour but de donner plus de prévisibilité aux industriels dont l’activité nécessite des volumes importants d’électricité.
Portés sur quinze ans, voire plus, ces contrats ont pour but de permettre à EDF de fournir de l’électricité en partageant le risque de production. Les firmes liées au fournisseur sont ainsi sujettes aux fluctuations des quantités produites, et doivent verser un acompte significatif, qui leur permet en contrepartie plus de sécurité dans leur activité. EDF fournit dans le même temps une énergie dont le prix est proche de ses coûts de production. Sur le papier, un dispositif plutôt intéressant pour les deux parties.
Pourtant, à l’heure des discussions avec le Ministre, seules trois lettres d’intention ont été signées entre EDF et les plus gros industriels. Le faible engouement pour ce type de contrats peut être expliqué par la hausse du coût des avances, qui a découragé certains industriels dans un contexte d’instabilité du marché de l’énergie. Du côté des industriels de la chimie, les prix sont décriés, car ils correspondent à “un quasi-doublement depuis la période ante-Covid
”, selon Frédéric Gauchet, président de France Chimie, cité par BFMtv.
Les contrats à moyen terme semblent séduire plus de clients, parce que moins engageants : Marc Benayoun, entendu par le Sénat, a fait part des 671 contrats signés sur 4 ou 5 ans pour 5TWh par an. Des chiffres qui mettent en évidence les difficultés rencontrées avec les contrats à long terme.
Luc Rémont, PDG d’EDF, est convié par Roland Lescure ce lundi pour trouver une solution à cet enlisement.
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