Plus de 3 millions d’utilisateurs, une annonce fortement médiatisée pour sa valorisation à plus de 15 000$, le système obscur de cryptomonnaie semble enfin se révéler au grand public.
La lumière est faite sur le fonctionnement de ces monnaies virtuelles, suscitant de vifs débats autour de la question de la potentielle bulle spéculative en train de se former. Critiqué pour son instabilité et ses liens avec le Darknet, le Bitcoin soulève désormais l’indignation des défenseurs de l’environnement.
Et si l’émergence de cette nouvelle monnaie que certains spécialistes imaginent comme l’avenir du système monétaire international mettait à plat tous les efforts d’économie d’énergie que les pays du globe tentent de mettre en oeuvre ?
Economie vs. écologie !
Générée par l’utilisation d’ordinateurs et serveurs très puissants, la cryptomonnaie est particulièrement énergivore. On parle depuis quelques années de l’impact énergétique des data centers des moteurs de recherche mais celui du Bitcoin, de l’Ethereum et des autres monnaies virtuelles serait bien pire. Le système de ces monnaies se base sur un fonctionnement pair-à-pair : les personnes qui effectuent des transactions dans ces monnaies sont à la fois client et serveur. Pour utiliser le Bitcoin, il faut télécharger un logiciel qui devient ensuite un nœud de l’ensemble du réseau. Chaque transaction doit être vérifiée et validée par les noeuds, avant d’être enregistrée dans un “espace public” (un block) consultable par tous les utilisateurs. L’ensemble de ces “espaces” forment la “blockchain” et sert donc de registre daté et infalsifiable à toutes les transactions. Le “mining” (minage en français) définit l’action opérée par certains utilisateurs qui consiste à s’assurer du bon fonctionnement de la chaîne de blocs et la création de nouveaux blocs, donc de nouveaux Bitcoins. Les personnes qui effectuent cela, appelés mineurs, sont rémunérées pour leur contribution au réseau par des Bitcoins.
La découverte de nouveaux bitcoins est de plus en plus ardue et nécessite des ressources informatiques de plus en plus puissantes. L’ensemble des ordinateurs du réseau Bitcoin aurait une puissance 100 000 fois supérieure aux 500 ordinateurs les plus puissants et rapides de la planètes. Chaque transaction de Bitcoin nécessite la même quantité d’énergie que celle consommée pendant une journée par 9 foyers américains (soit environ 250 kWh) et la consommation annuelle imputable à cette cryptomonnaie (33 TWh) équivaut celle d’un pays comme la Bulgarie.
Le bitcoin va au charbon !
Le problème majeur de cette consommation excessive réside dans le type d’énergie utilisée. C’est en Chine que se situent les principales zones de minage de Bitcoins, un pays où la principale source d’énergie provient du charbon (les deux tiers du mix énergétique chinois proviennent de cette ressource fossile, contre 26% pour la moyenne nationale). La consommation d’énergie fossile induit donc d’importantes émissions de gaz à effet de serre : chaque transaction de Bitcoins aurait une empreinte carbone de 122 kg de CO2 !
Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que le minage de Bitcoin se fait désormais à échelle industrielle. En août 2017, des journalistes ont réussi à pénétrer les locaux d’une usine de minage de Bitcoin située dans la région de Mongolie Intérieure, en Chine. Exploitée par l’entreprise chinoise Bitmain Technologies, elle se compose de 8 bâtiments et de plus de 25 000 machines de minage (à savoir des ordinateurs ultra performants). L’entreprise, pour éviter des factures d’électricité trop importante a réussi à obtenir du gouvernement 30% de rabais sur le prix de l’énergie (provenant d’une centrale à charbon située à proximité). En connaissant le prix de la facture mensuelle d’électricité, les journalistes sont parvenus à affirmer que ce sont plus de 40 MWh par heure qui sont consommés pour la production de Bitcoins dans cette seule usine. C’est plus que la consommation annuelle moyenne de 15 personnes…
Les experts du média américain Digiconomist estime que la consommation d’électricité du Bitcoin ne fera qu’augmenter dans les années à venir, et atteindra l’équivalent de la consommation annuelle actuelle du Monde entier courant 2020.
Le saviez-vous ?
1 transaction de Bitcoin = consommation journalière de 9 foyers américains 1 transaction de Bitcoin = 122 kg de CO2 1h de minage = consommation annuelle de 15 personnes En 2020, consommation du Bitcoin = consommation de la Terre entière
Alors comment lutter contre un système aussi impersonnel que global ? Alors que les dirigeants mondiaux s’engagent pour l’avenir de la planète et tentent d’inciter les acteurs privés à faire de même, il semble difficile de lutter contre les effets néfastes des cryptomonnaies…
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