Après son vote fin mars, l’Assemblée nationale a adopté, sans surprise, le projet de loi visant à l’accélération des procédures de construction de six nouvelles centrales nucléaires.
L’Assemblée nationale a entériné, ce mardi 16 mai, la relance du nucléaire. Emmanuel Macron pourra alors construire six réacteurs EPR2 entre 2035 et 2045, et le processus d’évaluation pour huit réacteurs supplémentaires a repris.
Un soutien massif
Le texte a été finalisé en commission mixte paritaire, où sénateurs et députés ont réussi à s’entendre. Le Sénat a largement validé le texte le 9 mai, avec un score de 315 voix pour et seulement 13 contre.
De son côté, l’Assemblée nationale a montré un soutien massif ce mardi, en votant pour à 399 voix contre 100, deux mois après la première proposition de loi au sein de l’hémicycle. L’approbation a été rendue possible grâce à une alliance des voix du camp présidentiel, des Républicains, du Rassemblement National et des communistes. Seuls les groupes politiques des Verts et la France Insoumise se sont opposés au texte. Ces derniers soulèvent de nombreux reproches, y compris un manque d’attention aux divers risques liés à la dégradation des réacteurs et à la gestion globale des déchets nucléaires.
Retrait de la réduction de la part du nucléaire
Le texte facilite les démarches pour la construction de nouvelles centrales nucléaires exploitées par EDF à côté des installations déjà existantes : il élimine la nécessité d’un permis de construire, accélère l’approbation des travaux connexes (tels que le terrassement, les clôtures, les parkings, etc.) et soustrait ces projets à certaines contraintes de la politique zéro artificialisation nette (ZAN) ou de la loi Littoral.
Une autre disposition majeure du texte est le retrait de la réduction de la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique de la France. Cet objectif, source de conflit pour la droite, avait été fixé en 2015, pendant le mandat de François Hollande, avec l’intention de favoriser le développement des énergies renouvelables. Toutefois, la France reste en dessous des attentes dans ce secteur : en 2020, 2021 et 2022, le pays n’a pas réussi à atteindre ses objectifs pour l’énergie éolienne et solaire.
Un catalyseur
Néanmoins, le gouvernement a essuyé un échec avec le refus de la fusion entre l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), un organisme technique, et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le régulateur des centrales nucléaires.
Ce projet, bien que souhaité par Emmanuel Macron, a même été repoussé par certains députés de sa majorité. Elle aurait entraîné la dissolution de l’IRSN et le passage de ses 1 700 experts, ingénieurs et techniciens sous la direction de l’ASN.
L’adoption du projet de loi devrait donc agir comme un catalyseur en faveur d’une industrie en proie à de graves difficultés, empêtrée dans le chantier sans fin de l’EPR de Flamanville (12 ans de retard et un surcoût de 15 milliards d’euros). Par ailleurs, les fissures et les problèmes de corrosion dans les centrales nucléaires, ainsi que la menace de coupures électriques ciblées cet hiver, suite à la baisse de production, ne font qu’aggraver ces défis, comme le précise Libération.
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