Le point sur la pollution plastique des océans en 2019

8 millions : c’est le nombre de tonnes de plastiques qui finissent dans l’océan chaque année. Du moins, c’était le chiffre donné par un rapport du World Economic Forum en 2016. Depuis, notre production de plastique n’est pas allée en diminuant : on considère même qu’elle augmente de 3% chaque année depuis 2010.

En 2018, d’après Plastics Europe, ce sont ainsi 359 millions de tonnes de plastique qui ont été produites dans le monde, soit +3,2% par rapport à l’année précédente. Des chiffres accablants qui n’en finissent pas. Alors que le WWF estimait pour sa part la production de déchets plastiques à 396 millions de tonnes il y a encore trois ans, il considère aujourd’hui qu’elle pourrait atteindre les 550 millions de tonnes d’ici 2030.

production plastique par an

Paradoxalement, cette augmentation de la production de plastique a lieu en même temps que se multiplient les protestations. Le 8 juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, une manifestation a rassemblé entre 1500 et 2000 personnes. Habillés de t-shirts bleus, les manifestants ont défilé en brandissant des pancartes qui faisaient parfois sourire.

Ce sont par exemple des banderoles “La fonte des glaces, oui, mais que dans ma vodka”, “Litter is coming” ou encore “Mouillez-vous pour l’océan” qui se sont promenées dans Paris. Il n’empêche que derrière les punchlines, la situation n’en reste pas moins dramatique.

Parce que ce sont 10 tonnes de plastique qui sont produites chaque seconde à travers le monde, et que seulement 9% de cette production se voit recyclée. Si 12% du plastique est incinéré, le calcul est vite fait : 79% de notre production se plastique finit dans des décharges ou… dans la nature.

Le saviez-vous ?

Un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque seconde dans le monde. La dégradation d’une bouteille en plastique dans la nature prend entre 100 et 1000 ans.

Le gouvernement français lui-même, sur son site, dénonce la pollution plastique de nos océans. Il annonce ainsi qu’en 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan. De quoi repenser les baignades de l’été.

pollution profondeurs océanMais il ne s’agit pas seulement de se baigner avec les poissons plutôt qu’avec les sacs plastiques. Le mois de mai 2019 a été marqué par une triste découverte. Une plongée de l’explorateur Victor Vescovo dans la fosse des Mariannes, à 11 kilomètres de profondeur, où seules trois plongées ont eu lieu, y a trouvé des déchets plastiques. Des tests réalisés au printemps ont également permis de constater que les mollusques des profondeurs avaient ingéré des microplastiques – preuve qu’aucune espèce, même dans les ténèbres de Challenger Deep, n’est à l’abri.

Bien sûr, vous avez entendu parler du fameux “septième continent” (ou du moins, on l’espère !). Aujourd’hui, ce continent plastique, des îlots formés par la convergence des déchets portés par les courants, fait six fois la taille de la France. François Lambert, président de l’association Septième Continent, estime qu’il n’est même plus possible d’imaginer nettoyer définitivement les océans. Au mieux, on ne pourra qu’endiguer la catastrophe.

La France, premier pollueur de la Méditerranée ?

Et aucune zone maritime n’est épargnée. Peut-être comptez-vous parmi les nombreux baigneurs qui viendront profiter de la Méditerranée cet été. Et comme eux, vous trébucherez sur une canette oubliée, qui mettra jusqu’à 100 ans avant de se dégrader, ou sur un sac en plastique abandonné, qui en prendra 450.

A elle seule, la Méditerranée représente 600 000 tonnes de déchets chaque année, d’après un rapport du WWF publié en juin 2019. C’est l’équivalent de 34 000 bouteilles en plastique, et c’est surtout une pollution quatre fois supérieure à notre Septième continent. A vrai dire, la mer Méditerranée compte même parmi les pires zones d’accumulation de déchets au monde.

Et la France figure parmi les mauvais élèves. Contrairement à d’autres pays du littoral méditerranéen, comme l’Italie (oui oui !), l’Egypte ou encore la Turquie, la France n’est pas si mauvaise en collecte de ses déchets. En revanche, elle prend un carton noir pour sa production de plastique.

pollution méditerranée

Oui : la France est le plus gros producteur de déchets plastiques de la région. Toujours d’après le WWF, elle en a ainsi produit 4,5 millions de tonnes en 2016. 11 200 tonnes de ces déchets finissent dans la mer Méditerranée. Une pollution qui ne concerne pas que les plus écolos d’entre nous.

Car elle a aussi un coût. Outre le danger qu’elle représente pour nos océans, la pollution plastique ne fait pas du bien à nos finances. Celle de la Méditerranée représente 40 millions d’euros pour le tourisme, 21 pour le commerce maritime ou encore 12 pour la pêche. Sans parler du nettoyage des côtes. A Nice, la municipalité prévoit chaque année un budget de 100 000 euros pour nettoyer ses plages.

Alors, quels gestes adopter sur les plages cet été ?

En ce 2 juillet, c’est le début du “Plastic Free July”. L’objectif ? Un mois de juillet sans plastique ! Il existe depuis sept ans et vise à sensibiliser les gens à un mode de vie plus propre et à une vraie réduction de sa consommation de plastique. C’est une association australienne qui est derrière l’initiative, et elle a réussi à convaincre plus de 2 millions de participants, dans 159 pays différents.

Pour les débutants, l’association Plastic Free July publie un guide des bonnes habitudes à adopter pour réduire ses déchets en plastique :

  • Faire ses courses sans sac plastique (en France, ils sont interdits en caisse depuis 2016)
  • Refuser les pailles en plastique
  • Renoncer aux bouteilles en plastique et opter pour des alternatives réutilisables (gourdes, etc)
  • Ne plus utiliser de couverts et récipients jetables
  • Arrêter les sacs poubelles en plastique

A côté de ce genre d’initiatives, de nouvelles réglementations font aussi leur apparition. Même si les choses vont (trop) lentement, il serait injuste de dire qu’aucune prise de conscience n’a lieu. Si les sacs en plastique à usage unique ont disparu dans vos supermarchés depuis trois ans, l’Assemblée Nationale a aussi voté pour interdire la vente de couverts, gobelets et autres touillettes en plastique d’ici 2020. C’est la raison pour laquelle vous n’en trouvez plus en rayon.

pollution asieMais la France n’est pas le pays le plus pollueur du monde. Les coupables se trouvent en Asie : ce sont la Chine, l’Indonésie, le Vietnam, la Thaïlande et les Philippines. A eux cinq, ils sont responsables de la moitié des 8 millions de tonnes de plastique déversées dans l’océan chaque année.

A la fin du mois de juin, lors d’un sommet à Bangkok, ils se sont engagés pour la première fois à lutter contre la pollution maritime en Asie du Sud-Est. Les écologistes, eux, sont encore sceptiques face à cette promesse qui sonne pour l’instant plutôt creux, faute d’action véritable.

Cet été, sur la plage où vous irez étendre votre serviette, 73% des déchets seront du plastique : bouteilles, bouchons, sacs ou encore filtres de cigarette. S’il est trop tard pour le Septième continent, il est encore temps de se mobiliser. Et chaque bouteille que vous ramasserez dans le sable comptera.

Sources :

  • http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2005445/SOUS_EMBARGO_WWF_Rapport_plastiques_FR.pdf
  • https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/pollution-mediterranee-deborde-plastique-600000-tonnes-rejetees-an-76387/
  • https://www.nationalgeographic.fr/le-plastique-en-10-chiffres

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