Promesses de campagne
Lors des élections présidentielles de 2017, les emplois et la question de l’environnement ont été mis à l’honneur dans les programmes des candidats français.
Yannick Jadot
Yannick Jadot, candidat écologiste aux élections présidentielles de 2017, prévoyait dans son programme de faire passer à la France le cap des énergies 100% renouvelables d’ici 2050. Cela représentait selon lui la création de 300 000 à 400 000 emplois.
Marine Le Pen
Marine Le Pen affiche sa volonté de “développer massivement les filières françaises des énergies renouvelables (solaire, biogaz, bois...) grâce à un “protectionnisme intelligent, au patriotisme économique, à l’investissement public et privé et aux commandes d’EDF”.
Benoît Hamon
Le candidat affichait sa volonté de sortir du nucléaire en une génération, soit en 2050. Il prévoit pour cela de “fermer les réacteurs en fin de vie durant le quinquennat”, tout en “garantissant les emplois du secteur énergétique”.
Jean-Luc Mélenchon
L’un des points du programme de Jean-Luc Mélenchon prévoit d’engager “un plan de relance de l’activité et de l’emplois au service de la transition écologique”.
François Fillon
François Fillon projetait de “Créer les conditions favorables au développement de véritables filières industrielles françaises des énergies renouvelables en misant sur les nouvelles technologies”.
Emmanuel Macron
L’un des points du programme d’Emmanuel Macron est “d’inventer un nouveau modèle de croissance”, ce qui passe par “[faire] de la France le leader mondial de la recherche sur la transition environnementale”.
Point en mai 2018 sur les actions menées:
- Clôture du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes
- Projet d’arrêter l’exploitation d’hydrocarbures (pétrole et gaz) sur le sol français d’ici à 2040
- Annonce de la décision de fermer les quatre dernières centrales à charbon de France (qui représentent en France 1.4% du mix énergétique)
- Hausse du budget du Ministère de l’Ecologie, parallèlement à une baisse de ses effectifs
- L’objectif de réduction du nucléaire à 50% du mix énergétique française a été repoussé de 2025 à 2035
- Entrée en vigueur provisoire du CETA (traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne), malgré l’opposition de Nicolas Hulot, Ministre de l’Ecologie
Les candidats à l’élection présidentielle semblaient donc tous s’intéresser au potentiel des emplois du secteur des énergies renouvelables, car pour développer ce secteur, il est nécessaire de former et d’embaucher des professionnels. Mais au-delà de ces promesses de campagne, qu’en est-il de la réalité ?
Le nucléaire en chiffres
- Le nucléaire en France
Les estimations sur les emplois que représente le nucléaire en France varient selon les sources :
> La Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN) évoque 220 000 emplois directs et indirects.
> Areva, l’un des leaders du nucléaire, estime que ce domaine représente 410 000 emplois directs et indirects.
> Cécile Duflot, ex-représentante du parti Europe Ecologie Les Verts, affirmait en 2012 que le nucléaire représentait 140 000 emplois.
> Henri Proglio, PDG d’EDF, déclarait également en 2012 que le nucléaire représentait non pas 140 000 emplois, mais 1 million !
Ce qui est certain, c’est que si le gouvernement tient ses engagements, à savoir réduire de 25% la part de nucléaire dans le mix énergétique français d’ici 2035, de nombreux emplois cesseront d’exister dans ce secteur.
- Le nucléaire dans le monde
Ce secteur emploie aujourd’hui 10,3 millions de personnes. Pour les autres emplois liés à l’énergie, les chiffres sont les suivants: 38% dans le solaire photovoltaïque ; 35% dans les bioénergies ; 14.5% dans l’hydroélectricité ; 13% dans l’éolien ; 9% dans le solaire thermique.
Quel potentiel d’emplois ?
Selon une étude de l’Organisation Internationale du Travail, si les gouvernements respectent les objectifs qu’ils se sont fixés, cela signifierait perdre 6 millions d’emplois dans le monde. Mais en contrepartie, développer les énergies vertes pour contrebalancer les 25% d’énergie nucléaire censés disparaître, en créerait 24 millions à l’échelle de la Terre. Le bilan serait donc positif, puisqu’au total, cela représente 18 millions d’emplois en plus d’ici 2030, grâce à de nouvelle pratiques plus responsables (modification du mix énergétique, amélioration des performances énergétiques des bâtiments…).
En effet, selon les chiffres de l’Agence Internationale pour les Énergies Renouvelables (IRENA), le secteur des énergies renouvelables connaît une croissance mondiale importante, avec une hausse des emplois de 5.3% en 2017 ! Cela correspond à 550 000 nouveaux emplois en 2017.
Des inégalités en vue
Parmi les 18 millions d’emplois supplémentaires potentiellement prévisibles, la répartition se ferait ainsi : 14 millions se trouveraient en Asie-Pacifique, 3 millions en Amérique du Nord, 2 millions en Europe, le reste étant dispersé sur le reste du globe.
Mais il est prévu que sur les 6 millions d’emplois détruits, 350 000 seraient en Afrique, et 300 000 au Moyen-Orient, d’après l’OIT.
Second point d’inégalité : la place des femmes dans les énergies renouvelables. Ce domaine est majoritairement masculin, il ne compte que de 20 à 25% de femmes à l’échelle mondiale. Leur part tend à croître : en France, la part de femmes travaillant dans les EnR est passée de 15 à 21% entre 2008 et 2012.
Malgré tout, le bouleversement de l’emplois tendrait à faire baisser leur présence dans le secteur. L’OIT met en cause les inégalités d’accès à la formation et aux emplois.
Des efforts sont faits pour y remédier, comme à la COP23, ou les Nation-Unies ont intégré ce facteur à leurs préoccupations. Malheureusement, cette question n’est pas toujours évoquée...
Sources :
Les énergies renouvelables, détail des propositions, Le Monde
Combien d’emplois dans l’industrie nucléaire en France ? L’Obs, 13/12/2011
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